« Compte tenu de la situation sécuritaire et à moins que le gouvernement ne rouvre cette semaine, je propose que nous fixions une autre date pour cette allocution », a écrit Nancy Pelosi. / YURI GRIPAS / REUTERS

Lui à la Maison Blanche, elle au Congrès. Pendant deux ans, Donald Trump et Nancy Pelosi vont devoir travailler ensemble à Washington. Mais la cohabitation s’annonce compliquée, comme l’illustre la passe d’armes engagée par la présidente démocrate de la Chambre des représentants autour du discours sur l’état de l’Union.

« Shutdown » oblige, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a demandé à Donald Trump, dans une lettre publiée mercredi 16 janvier, de repousser son discours sur l’état de l’Union, prévu le 29 janvier.

« Malheureusement, compte tenu de la situation sécuritaire et à moins que le gouvernement ne rouvre cette semaine, je propose que nous fixions une autre date pour cette allocution après la réouverture de l’administration ou que vous envisagiez de transmettre par écrit au Congrès votre allocution prévue pour le 29 janvier. »

Discours rituel

Depuis celui prononcé par George Washington le 8 janvier 1790, le discours sur l’état de l’Union est un exercice obligé pour le président, qui lui permet d’expliquer au peuple états-unien ses priorités pour l’année qui commence.

La tradition veut que ce soit le leader de la chambre basse des Etats-Unis qui invite le président à ce discours annuel devant la Chambre des représentants et le Sénat réunis. Le 3 janvier, Nancy Pelosi avait adressé la traditionnelle invitation au président, Donald Trump.

Mme Pelosi met en avant l’argument sécuritaire, relevant que les employés du secret service, chargé de la sécurité des personnalités, comme le président, et d’événements, comme le discours sur l’état de l’Union, sont directement touchés par le « shutdown ». « Le secret service et le ministère de la sécurité intérieure ne sont pas financés depuis vingt-six jours maintenant », rappelle-t-elle.

La ministre de la sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen, a assuré que son ministère et le secret service étaient « tout à fait préparés à soutenir et à assurer la sécurité » du discours présidentiel. Il reste que les préparatifs pour cet événement annuel prennent plusieurs semaines, argue Nancy Pelosi.

Impasse

Le nouveau Congrès américain, issu des élections de mi-mandat du 6 novembre, est divisé entre le Sénat, à majorité républicaine, et la Chambre des représentants, reprise par les démocrates. Mme Pelosi et M. Trump sont engagés dans un bras de fer autour d’une impasse budgétaire au cœur de laquelle figure le mur que veut ériger le président à la frontière avec le Mexique, et pour lequel il réclame plus de 5 milliards de dollars. Cette mesure est l’une des promesses essentielles faites à ses électeurs par Donald Trump lors de la campagne présidentielle de 2016. L’hôte de la Maison Blanche, cerné par les enquêtes judiciaires, a besoin d’une victoire politique avant d’entamer sa troisième année de mandat.

Les démocrates ne veulent pas en entendre parler. Au 26e jour du « shutdown », aucune sortie de crise n’apparaît et quelque 800 000 employés fédéraux sont au chômage forcé, ou travaillent sans solde pour ceux dont les emplois sont jugés essentiels. Mais les fonctionnaires affectés par le « shutdown » doivent continuer à payer leurs factures et à rembourser leurs prêts.

Notre sélection d’articles pour tout comprendre au « shutdown »

Depuis la nuit du vendredi 11 au samedi 12 janvier, le « shutdown », qui paralyse une partie des administrations fédérales du gouvernement américain, est entré dans son 22e jour, devenant le plus long de l’histoire des Etats-Unis.

De quoi parle-t-on exactement ? Cinq questions sur le « shutdown »

Trump et « son » mur, une histoire contrariée. Mensongers ou détournés : ses arguments pour la construction d’un mur entre les Etats-Unis et le Mexique. Mais au fait, à quoi ressemble actuellement la frontière entre les Etats-Unis et les Mexique ?

Et concrètement, que se passe-t-il pour les plus de 800 000 agents de l’Etat affectés ? Reportage en Virginie-Occidentale : « Les gens ne peuvent pas tenir longtemps sans argent » et paroles de fonctionnaires et de contractuels.

Enfin, politiquement, le « shutdown » est la première épreuve de la nouvelle majorité démocrate à la Chambre des représentants face à Trump.