Brexit : les discussions entre Theresa May et l’opposition coincent avant d’avoir commencé
Brexit : les discussions entre Theresa May et l’opposition coincent avant d’avoir commencé
Le Monde.fr avec AFP
Le travailliste Jeremy Corbin souhaite que la première ministre britannique écarte l’éventualité d’une sortie sans accord de l’Union européenne, ce qu’elle refuse.
Les dirigeants du Parti démocratique unioniste (DUP) Arlene Foster et Nigel Dodds, à leur sortie du 10, Downing Street, où ils ont été consultés par Theresa May, le 17 janvier. / CLODAGH KILCOYNE / REUTERS
Les tractations souhaitées par la Première ministre, Theresa May, avec l’opposition pour parvenir à un consensus sur un accord de Brexit ont abouti, jeudi 17 janvier, à une impasse, la dirigeante britannique jugeant « impossible » d’accepter l’exigence du chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn, qui lui demande d’écarter clairement l’éventualité d’une sortie sans accord de l’Union européenne au 29 mars, avant d’entamer toute discussion.
« Impossible », a répondu Theresa May dans un courrier rendu public jeudi soir, ceci « n’est pas dans les pouvoirs du gouvernement ». Elle estime qu’il n’existe que « deux manières d’éviter un “no deal” » : le vote d’un accord au Parlement ou l’« annulation des résultats du référendum » de 2016. Jugeant « injuste » cette dernière option, elle ajoute que seul le Parlement peut empêcher un divorce sans accord.
La dirigeante assure, néanmoins, que sa porte « reste ouverte à une rencontre sans préconditions ». Mercredi soir, elle avait commencé à recevoir les dirigeants de l’opposition, bien consciente de la nécessité de convaincre au-delà de son camp pour trouver une solution depuis le rejet massif, mardi au Parlement, de son accord de sortie négocié avec Bruxelles.
Mais « la Première ministre n’est pas prête à des discussions sérieuses pour trouver une solution », a déploré, dans la soirée, un porte-parole du parti travailliste, en réitérant les mêmes exigences. Pour Caroline Lucas, députée des Verts, les tentatives de dialogue de Theresa May « arrivent trop tard ». « Il n’y a aucun signe que la Première ministre veuille trouver un compromis », a-t-elle fustigé sur Twitter, après l’avoir rencontrée dans la matinée.
Un « plan B » présenté le 29 janvier
La cheffe du gouvernement doit présenter lundi un projet alternatif, qui devrait toutefois rester dans la ligne de l’accord initial. Signe de l’enjeu, elle a annulé sa participation au forum économique mondial de Davos, qui s’ouvre lundi pour une semaine. Les députés britanniques auront la possibilité d’amender ce « plan B ». Leurs modifications seront présentées au vote le mardi 29 janvier, à deux mois tout juste de la date prévue du Brexit.
A mesure que l’échéance se rapproche, l’hypothèse d’un report du divorce est de plus en plus discutée à Bruxelles, pour éviter le chaos d’une sortie sans accord. Elle a reçu, jeudi, le soutien du comité parlementaire britannique chargé du Brexit. Mais c’est au gouvernement de Theresa May qu’il revient d’en faire la demande aux 27. « S’ils nous disent que c’est pour organiser de nouvelles élections ou un nouveau référendum, cela ferait partie des motifs acceptables », a estimé un diplomate européen, « mais il faut que ce soit court, pas plus de quelques semaines ».
L’option d’un second référendum, elle, demeure exclue par Theresa May. Une nouvelle consultation prendrait plus d’un an à être organisée, a estimé jeudi Downing Street. Ce scénario est défendu par le SNP, le Parti libéral-démocrate, le parti nationaliste gallois Plaid Cymru et les Verts, qui pressent Jeremy Corbyn de leur emboîter le pas.
Selon un sondage YouGov réalisé auprès de 1 070 personnes pour le mouvement People’s Vote, qui réclame un second référendum, 56 % des Britanniques voteraient pour rester dans l’UE en cas de nouvelle consultation, soit la proportion la plus élevée depuis le vote de juin 2016 qui a décidé du Brexit.
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