Plus de 200 plaintes déposées en même temps pour des propos homophobes sur Internet
Plus de 200 plaintes déposées en même temps pour des propos homophobes sur Internet
Le Monde.fr avec AFP
L’objectif des avocats est notamment d’« instaurer la peur du gendarme » et que « cesse l’impunité » des auteurs de propos homophobes sur Internet, rarement condamnés.
Des propos homophobes sont régulièrement publiés sur les réseaux sociaux. / QUENTIN HUGON / « LE MONDE »
Une vingtaine d’avocats ont déposé simultanément, jeudi 17 janvier, 213 plaintes dans douze tribunaux pour des messages à caractère homophobe publiés sur Internet, notamment sur Twitter. Objectif : que « cesse l’impunité » dont jouissent souvent leurs auteurs.
« Si mon père était PD, j’l’aurais flingué », « Il est temps de dire que les homos n’ont pas leur place dans ce monde », « Une fiotte n’est pas un homme »… Après une veille de deux mois, les associations Stop Homophobie et Mousse ont recensé plusieurs centaines de messages homophobes sur les réseaux sociaux.
« Si on avait pu, on aurait fait des milliards de plaintes. L’idée, c’est d’instaurer la peur du gendarme », a déclaré Stéphane Cola, président du réseau d’avocats, notaires et médecins Gay-friendly, qui a épaulé les deux associations dans l’opération. « Désormais, ces haineux doivent savoir que s’ils tiennent des propos répréhensibles, on les enverra devant un juge. »
« Facebook joue le jeu »
« On reçoit des milliers d’injures et parfois des menaces très hard. Quatre-vingts à 85 % de nos signalements n’aboutissent à rien. Il n’y a aucune réaction des pouvoirs publics, tout le monde s’en fout ! », fulmine de son côté Terrence Katchadourian, secrétaire général de Stop Homophobie.
Les insultes publiques à caractère homophobe sont punies d’une peine maximale d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende, mais la justice « condamne peu ou faiblement », affirme M. Cola.
En septembre, le premier ministre, Edouard Philippe, s’était engagé à modifier en 2019 la loi de 2004 dite de « confiance dans l’économie numérique », devenue obsolète, afin de renforcer la pression sur les opérateurs du Net pour lutter contre la cyber-haine.
Parmi les pistes étudiées : imposer aux plates-formes un délai maximal de vingt-quatre heures pour retirer les contenus manifestement racistes, antisémites et homophobes et instaurer de plus fortes amendes contre les grands réseaux sociaux et moteurs de recherche quand ils manquent à leurs obligations.
« Facebook joue le jeu, a engagé des bataillons de modérateurs et fait figure de bon élève. Avec Twitter, on a beaucoup de mal à faire retirer des contenus ou fermer des comptes », a déclaré à l’Agence France-Presse Frédéric Potier, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah, rattaché au premier ministre).
Depuis une loi votée en 2017, l’Allemagne sanctionne les opérateurs des réseaux sociaux d’une amende pouvant aller jusqu’à 50 millions d’euros s’ils ne retirent pas sous vingt-quatre heures des propos signalés par les usagers comme outranciers ou violant la Constitution.