VTC : Uber et Cabify menacent de quitter Barcelone
VTC : Uber et Cabify menacent de quitter Barcelone
LE MONDE ECONOMIE
Le gouvernement régional catalan cède aux demandes des taxis, qui paralysent la ville espagnole depuis lundi.
Un VTC de la société espagnole Cabify, bloqué par des chauffeurs de taxi espagnols, mardi 22 janvier, à Barcelone. / JOSEP LAGO / AFP
C’est une victoire pour les chauffeurs de taxi de Catalogne face aux grands noms des VTC, Uber et Cabify. Dès lundi 28 janvier, les usagers des véhicules de transport avec chauffeur (VTC) seront obligés de réserver leur trajet quinze minutes à l’avance au minimum. Un délai qui devrait être porté à une heure dans les prochaines semaines. Selon l’association majoritaire, qui regroupe les conducteurs des plates-formes de mise en relation entre chauffeurs et passagers Uber (Etats-Unis) et Cabify (Espagne), « les VTC devront abandonner la ville de Barcelone ».
« La Generalité [le gouvernement catalan] a cédé au chantage des taxis, a réagi le président de l’association majoritaire des VTC en Catalogne Unauto VTC, Josep Maria Goñi, mardi 22 janvier, à la sortie d’une réunion de plus de trois heures avec le ministre régional des territoires, Damia Calvet (indépendantiste), et les représentants du secteur du taxi. Le décret nous oblige à fermer les entreprises. »
Après cinq jours de grève et de blocage des principales artères de Barcelone, émaillés de violence, le gouvernement régional estime pour sa part avoir trouvé un bon compromis. M. Calvet a défendu la « solidité juridique et la proportionnalité économique du décret », qu’il s’est engagé à approuver mardi 29 janvier et à faire aussitôt entrer en vigueur. Selon le ministre régional, les quinze minutes d’avance fixées sont « suffisantes pour différencier les deux activités » des taxis et des VTC. Mais il a transféré à l’Aire métropolitaine de Barcelone, présidée par la maire de gauche et ancienne militante pour le droit au logement, Ada Colau, la capacité d’augmenter ce délai, comme elle l’a proposé, à une heure.
« Destruction de plus de 3 000 emplois »
Le décret prévoit aussi d’interdire aux VTC l’utilisation de la géolocalisation, qui permet aux utilisateurs de voir où se trouvent les véhicules les plus proches. En outre, ces derniers ne pourront pas circuler dans la rue ni stationner sur la voie publique s’ils n’ont pas de course assignée.
Le représentant des chauffeurs de taxi, Alberto Alvarez, s’est dit « satisfait » des négociations, mais il devait attendre l’assemblée, convoquée mercredi 23 janvier, pour décider de lever ou non la grève. Les chauffeurs de taxi exigeaient initialement qu’un délai minimum de douze heures entre la réservation et la prestation du service soit imposé aux VTC.
Dans un communiqué, l’association Unauto VTC a critiqué « une mesure sans précédent » et confirmé que « les restrictions annoncées supposent la disparition, en Catalogne, du secteur des VTC (…) et la destruction de plus de 3 000 emplois », tout en assurant « étudier toutes les mesures légales pour lutter contre cette régulation injuste, dictée par le secteur du taxi et encouragée sous des menaces inacceptables dans un Etat de droit ».
Menace de blocage de la frontière
Ces derniers jours, à Barcelone, les taxis ont bloqué les grandes avenues, l’accès au port et à l’aéroport, et s’en sont pris violemment à des VTC. Selon les Mossos d’Esquadra, la police régionale, plus de 70 plaintes ont été déposées. Mardi matin, le porte-parole de l’association Elite Taxi et principal porte-parole des manifestants, Alberto Alvarez, avait annoncé qu’il s’était mis en contact avec les chauffeurs de taxi et les « gilets jaunes » français pour éventuellement bloquer la frontière.
Tous les regards se portent à présent sur Madrid, où les chauffeurs de taxi ont commencé, lundi 21 janvier, une grève générale à durée indéterminée. L’un d’eux a été renversé par un VTC, alors qu’il bloquait l’autoroute A2. Dans la capitale, le gouvernement régional a annoncé qu’il « ne cédera pas ». « Je ne suis pas disposé à légiférer pour expulser un secteur, a déclaré le président conservateur de la région de Madrid, Angel Garrido, à la sortie d’une réunion houleuse avec les chauffeurs de taxi. Ceux qui le croient se sont trompés et ils peuvent mener les protestations qu’ils veulent. » L’enjeu est de taille. La Foire internationale du tourisme, où 250 000 personnes sont attendues, devait ouvrir mercredi. Or, dans la matinée, les taxis bloquaient son accès.