Emmanuel Macron cherche toujours son « Monsieur communication »
Emmanuel Macron cherche toujours son « Monsieur communication »
Par Cédric Pietralunga
Sylvain Fort, directeur de la communication du chef de l’Etat, a quitté l’Elysée vendredi. La présidence de la République peine à lui trouver un successeur pour ce poste-clé.
C’est fait. Trente mois après avoir rejoint Emmanuel Macron, Sylvain Fort a quitté l’Elysée. Même si son départ ne sera officialisé qu’en mars, pour cause de reliquat de congés à prendre, le directeur de la communication du chef de l’Etat a effectué, vendredi 25 janvier, son dernier jour de travail au Palais. Après la démission du conseiller politique Stéphane Séjourné, parti le 15 janvier diriger la campagne de La République en marche (LRM) pour les élections européennes, c’est un deuxième fidèle du président qui quitte l’Elysée.
Depuis plusieurs semaines, les rumeurs sur le nom du remplaçant de M. Fort se multiplient. Mais celui-ci n’a toujours pas été désigné et pourrait ne pas l’être tout de suite. « Ce n’est pas facile de trouver la bonne personne, reconnaît un proche du président. Il faut un profil de manageur, quelqu’un avec de l’expérience, et qui doit aimer les journalistes, qui seront son public. » Parmi les noms cités, Laurent Glépin, ancien conseiller presse de Jacques Chirac à l’Elysée, et Pierre-Henry Brandet, ex-porte-parole du ministère de l’intérieur de 2011 à 2017, ont décliné.
Selon différentes sources, Emmanuel Macron aurait un temps envisagé de confier le poste à Franck Louvrier, dont les qualités professionnelles sont reconnues. L’ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy a même été reçu à l’Elysée. Mais le conseiller régional Les Républicains (LR) des Pays de la Loire dit n’avoir pas donné suite pour se consacrer aux élections municipales à La Baule (Loire-Atlantique) en 2020.
Le chef de l’Etat aurait été également dissuadé par son entourage. « Mettre Louvrier à l’Elysée, c’est comme mettre Frédéric Péchenard [ancien directeur général de la police nationale et proche de M. Sarkozy] à Beauvau. Tout le monde l’aurait interprété comme un retour de Sarkozy », reconnaît un macroniste. « Avoir une démarche disruptive, c’est bien si cela sert l’intérêt général. Mais dans la période troublée que nous connaissons, il faut peser la disruption au trébuchet », met en garde un conseiller.
Difficulté pour rallier des cadres
Seule certitude, le temps mis par l’Elysée à trouver un nouveau conseiller en communication pose une nouvelle fois la question de la profondeur du banc de touche de la Macronie. Une faiblesse déjà mise en exergue lors du dernier remaniement, lorsqu’il avait fallu deux semaines à l’exécutif pour former un nouveau gouvernement après la démission de Gérard Collomb du ministère de l’intérieur. Deux ans et demi après avoir quitté Bercy et s’être lancé dans la course à la présidence, Emmanuel Macron a toujours du mal à rallier des cadres d’expérience et des profils politiques.
Résultat : certains plaident pour dissocier les fonctions au sein de la communication de l’Elysée. « Il peut y avoir une déconnexion entre celui qui élabore la stratégie et celui qui porte le discours », assure un conseiller. Dans cette optique, Sibeth Ndiaye, l’actuelle conseillère presse et communication de M. Macron, pourrait former un tandem avec le communicant Philippe Grangeon, qui doit rejoindre l’Elysée le 4 février au poste de conseiller spécial. Mais l’ancien conseiller de Dominique Strauss-Kahn ou de Nicole Notat a fait savoir qu’il ne serait présent que trois jours par semaine à l’Elysée et qu’il travaillerait bénévolement.
En attendant, la présidence de la République continue son bras de fer avec les journalistes. Malgré les protestations de la profession, le déménagement de la salle de presse de l’Elysée hors de l’enceinte de l’hôtel d’Evreux, officiellement pour y installer une salle de réunion, a été programmé pour le 18 février. A partir de cette date, les médias n’auront plus accès à la cour d’honneur du Palais, hors événements officiels, et devront travailler depuis un bâtiment de la rue de l’Elysée voisine. Une décision « inacceptable et en contradiction avec le désir affiché par la présidence de débunkériser l’Elysée », a regretté l’Association de la presse présidentielle dans un communiqué publié le 24 janvier.