La corruption au Maroc reste « endémique », malgré une « légère amélioration »
La corruption au Maroc reste « endémique », malgré une « légère amélioration »
Le Monde.fr avec AFP
Le royaume chérifien, classé à la 81e place sur 180 pays, est remonté à la 73e place en 2018, selon l’ONG Transparency International.
FADEL SENNA/AFP
Le Maroc a « légèrement » amélioré sa position dans le classement annuel de Transparency International sur la corruption dans le monde, mais « se situe toujours dans un niveau de corruption systémique », a affirmé, mardi 29 janvier, à Rabat l’ONG Transparency Maroc.
Le royaume est passé de la 81e place en 2017 à la 73e en 2018, sur les 180 pays classés en fonction de leur « niveau perçu de corruption » dans le secteur public.
Cette « amélioration » est due aux « actions » menées par le gouvernement, s’est félicité mardi le bureau du premier ministre Saad Eddine El-Othmani.
« Le Maroc a amélioré sensiblement son score. Mais il l’avait déjà fait par le passé et cela avait été suivi par un recul », a tempéré lors d’une conférence de presse mardi Azeddine Akesbi, membre de Transparency Maroc.
Outre la « petite corruption », le royaume souffre d’une autre « corruption difficile à saisir, avec des marchés conclus dans une légalité totale, avec des situations de monopole, des délits d’initiés, des choses qui relèvent de la grande corruption », a dénoncé M. Akesbi.
Certain enthousiasme
Pour sortir de cette « corruption endémique », le Maroc doit « renforcer les institutions chargées de maintenir l’équilibre des pouvoirs », « combler les écarts dans la mise en œuvre de la législation » et « soutenir la société civile et les médias libres », préconise Transparency Maroc.
Le Maroc affiche depuis quelques années sa volonté de lutter contre ce fléau et s’est doté de différents cadres pour y parvenir, lancés à grand renfort de communication.
Un numéro vert anticorruption, mis en service en 2015, présente aujourd’hui un maigre bilan avec quelques dizaines de cas de poursuites judiciaires depuis son lancement, selon des chiffres officiels.
Prévue par la Constitution de 2011 avec des pouvoirs étendus, une Commission nationale contre la corruption avait, elle, été créée en octobre 2017 mais ses membres ne se sont réunis qu’une seule fois.
Egalement prévue par la Constitution, l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la Corruption avait vu le jour en juillet 2015, mais elle n’est toujours pas opérationnelle.
Fin 2018, l’ancien secrétaire général de Transparency Maroc a été nommé par le roi Mohammed VI à la tête de cette instance avec comme objectif de la rendre effective, suscitant un certain enthousiasme dans la presse locale.