Série

Ali Amrani (Tewfik Jallab) est la nouvelle jeune recrue de la DPJ, idéaliste, sain et sportif, l’exact opposé de Gilou (Thierry Godard). / CANAL PLUS

Les scénaristes d’Engrenages ont donné vie à des personnages si pleins de chair et de sang que le public continue de suivre cette série même lorsqu’il lui faut attendre longtemps entre chaque saison. Trois ans ont séparé la saison 5 de la superbe sixième saison, qui fut la dernière de la directrice d’écriture Anne Landois.

Cette fois-ci, trente-six mois se seront écoulés depuis le dernier opus. Il faut dire que Marine Francou, chargée de cette saison 7 – et de la 8, en cours d’écriture –, a reçu en héritage des personnages principaux (policiers, juge d’instruction et avocate) dans un tel état de délabrement que l’on avait du mal à imaginer comment chacun pourrait s’en relever.

« Comme toujours avec Engrenages, commente la nouvelle directrice d’écriture, c’est à l’intimité des personnages que nous avons réfléchi en tout premier lieu, pour élaborer cette saison 7 : dans quel état les prend-on en fin de saison précédente ? Qu’est-ce que cela raconte d’eux, intimement ? Quel trajet personnel a-t-on envie qu’ils empruntent, et à quoi souhaite-t-on qu’ils arrivent à l’issue des douze épisodes ? »

La nécessité d’un électrochoc

Souvenez-vous de la fin de la dernière saison. Laure Berthaud ne voulait ni ne pouvait s’attacher à son bébé en couveuse, Romy, qu’elle n’avait pas désirée. Gilles Escoffier, dit Gilou, son collègue de la police judiciaire, venait de se voir salement rejeter face à son rêve de fonder une famille avec elle et la petite. Menacé par la maladie, le juge François Roban, lui, risquait de perdre la vie, ou tout au moins la boussole s’il devait renoncer à sa fonction sacerdoce. Joséphine Karlsson, l’avocate, avait quant à elle perdu les pédales, tentant d’assassiner son violeur avant de se voir envoyée en prison.

Dans un tel contexte de dépression généralisée, seul un électrochoc pouvait permettre à Engrenages de reprendre ses couleurs de série pleine de cris, de coups jaillit rapidement : seule la mort de l’un des leurs permettra aux personnages de se ressaisir, de passer de l’abattement à l’envie de se battre, et de se ressouder, bon an mal an, autour de l’enquête. Cela vaudra même pour Laure, pourtant arrêtée pour burn-out, et difficilement réacceptée dans l’équipe par Gilou, devenu chef de groupe entre-temps.

Mais on le sait depuis le début de la série, il existe un impératif catégorique aux yeux de chacun d’eux : ils peuvent admettre, à la rigueur, que leur vie intime s’avère un fiasco ; mais ils ne sauraient supporter d’être mis en échec dans leur métier. De même, menacé par une mise en retraite toute proche, le juge Roban ne peut imaginer quitter la magistrature tant que l’affaire n’aura pas été résolue… quitte à déroger à quelques principes.

Trafic en col blanc

Une fois n’est pas coutume, l’assassinat de l’un d’entre eux n’a pas eu lieu dans une banlieue oubliée de tous sauf des plus pauvres, mais dans un restaurant chinois de Belleville, à Paris.

« Nous avions pour défi de nous renouveler, cette saison-ci, explique Marine Francou. A l’issue de six saisons, beaucoup de types de fraudes avaient déjà été racontés, et le champ de la voyoucratie n’est pas infini. Très vite, dans nos réflexions en atelier, nous avons eu envie de relever un paradoxe : les systèmes pour gruger l’Etat se sophistiquent de plus en plus, grâce à des complicités venues de niveaux toujours plus élevés de la société, tandis que la rigueur budgétaire, elle, menace l’ensemble du vivre-ensemble. »

Le hasard de leurs recherches dans ce sens amène les scénaristes à découvrir l’affaire Virus, après son démantèlement : un réseau qui mêle trafiquants de drogue, en France, cherchant à blanchir leur argent, et banquiers intéressés, eux, à récupérer de l’argent liquide pour mener à bien une fraude fiscale pour le compte de leurs clients.

C’est sur ce type de trafic en col blanc que l’équipe de la police judiciaire d’Engrenages va butter. De planques en filatures, elle suivra le cheminement des milliers de billets de banque que les parrains de la drogue récupèrent chaque jour de leurs petites mains sur le terrain.

Mais il faut bien le reconnaître : comme à chaque fois, plus qu’à la véracité de l’intrigue policière, c’est à l’évolution des relations entre les personnages, notamment entre Laure et Gilou, que tient notre grand attachement à Engrenages.

« Engrenages », saison 7, dirigée par Marine Francou. Avec Caroline Proust, Thierry Godard, Philippe Duclos, Audrey Fleurot (France., 2019, 12 x 52 min). A partir du lundi 4 février sur Canal+.