Donald Trump sans solutions pour son projet de « mur » avec le Mexique
Donald Trump sans solutions pour son projet de « mur » avec le Mexique
Par Gilles Paris (Washington, correspondant)
S’il déclare l’état d’urgence nationale pour contourner les élus, le président américain s’expose à des accusations d’abus de pouvoir.
La frontière américano-mexicaine, près de Tijuana, le 3 février. / GUILLERMO ARIAS / AFP
L’échéance du 15 février se rapproche et Donald Trump apparaît moins que jamais assuré d’obtenir satisfaction sur sa principale promesse de président : la construction d’un « mur » à la frontière avec le Mexique à laquelle les démocrates s’opposent parce qu’ils la jugent coûteuse et inefficace.
Après avoir renoncé le 25 janvier au gel (shutdown) partiel du gouvernement fédéral qu’il avait provoqué en espérant obtenir son financement d’un Congrès où les démocrates sont désormais en position de force, Donald Trump a mis en demeure une commission composée de démocrates et de républicains de parvenir à un résultat avant la mi-février. Peu convaincu de ses chances de réussite, il a assuré être disposé de nouveau à bloquer le gouvernement, ou à recourir à une déclaration d’état d’urgence nationale, qui lui permettrait de contourner les élus.
La première option semble peu probable compte tenu de l’irritation que le président a suscitée lors du récent shutdown, y compris chez certains républicains. Un sondage de la Quinnipiac Université, publié le 29 janvier, a montré que les hommes blancs âgés et non diplômés y étaient majoritairement opposés alors qu’ils constituent le cœur de l’électorat trumpiste.
« Guerre » interne
Mais la seconde option n’apparaît pas moins périlleuse. Selon la presse américaine, le chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell (Kentucky), qui n’a pas démenti, a mis en garde Donald Trump contre une procédure qui lui vaudrait certainement des accusations d’abus de pouvoir.
Le sénateur républicain de Caroline du Sud, Lindsey Graham, devenu un proche du président, s’est senti obligé de lancer un appel à l’unité du parti en redoutant que ce projet de « mur » finisse par déclencher « une guerre » interne. Le rassemblement autour de Donald Trump que l’élu appelle de ses vœux ne serait pourtant pas la garantie d’un résultat. Une telle déclaration se heurterait probablement, en effet, aux procédures judiciaires que les démocrates ne manqueraient pas de déclencher.
Forts du succès obtenu aux dépens du président sur le shutdown, ces derniers sont d’autant moins disposés à des compromis qu’ils peuvent s’appuyer sur l’opinion publique américaine. Donald Trump s’est en effet avéré incapable de convaincre cette dernière de la nécessité d’un tel « mur » comme de ses mérites présumés, selon des sondages convergents. Une forte majorité est en outre opposée à une déclaration d’urgence nationale. Elle est perçue comme une manœuvre pour régler un contentieux politique et non comme la réponse appropriée concernant une véritable crise.