Ruth Porat, la directrice financière d’Alphabet, lors du Forum de Davos, en Suisse, le 22 janvier. / ARND WIEGMANN / REUTERS

Le pari de la diversification est-il le bon pour Google ? C’est un peu la question que semblent poser les marchés dans la foulée de l’annonce des résultats trimestriels d’Alphabet, la maison mère de Google, lundi 4 février.

Alors que le groupe affiche des résultats en forte hausse en 2018, les analystes ont surtout pointé l’augmentation des dépenses consenties pour développer de nouvelles activités, hors du cœur de métier de Google qui reste la publicité : sur le dernier trimestre c’est de là que sont issus 32 des 39 milliards de dollars de chiffres d’affaires réalisés. Sur la période, le groupe a dégagé un bénéfice net de 8,9 milliards de dollars (7,2 milliards d’euros).

Dans le même temps, les coûts et dépenses totaux ont fortement augmenté à 31,07 milliards de dollars, contre 24,66 milliards au dernier trimestre 2017. Les explications sont multiples : le groupe continue à investir massivement dans le cloud pour rivaliser avec Microsoft et Amazon sur ce marché porteur.

Dans la vidéo, il a consenti des efforts financiers pour enrichir l’offre de contenus exclusifs sur YouTube. La société a aussi été très active ces derniers mois sur le marché de l’électronique grand public, avec des produits tels que son téléphone Pixel et ses enceintes connectées Google Home. Enfin Alphabet a vu ses effectifs nettement augmenter par rapport à la fin 2017, passant de 80 000 à près de 100 000.

Assise financière importante

Un apport de sang neuf qui est notamment venu renforcer les filiales du groupe désignées dans les comptes sous le terme « Other Bets », dont Waymo, qui travaille à développer les voitures autonomes. Mais ces unités – dont le détail des activités n’est pas développé dans les chiffres communiqués par Alphabet – ne sont toujours pas rentables puisqu’elles ne dégagent que 154 millions de dollars de chiffre d’affaires au dernier trimestre pour une perte opérationnelle d’1,3 milliard de dollars… Un déséquilibre qui peut paraître excessif mais qu’assume la direction : « Nous investissons les montants qui nous semblent adéquats », relativise Ruth Porat, la directrice financière d’Alphabet. En réponse aux inquiétudes des analystes sur le niveau des dépenses de l’entreprise, elle a défendu une stratégie qui vise à « soutenir la croissance à long terme des bénéfices et des revenus » du groupe.

La diversification semble une option plus que raisonnable pour Google. D’abord parce que son assise financière lui permet de se lancer dans de tels paris. Ensuite parce que sur son cœur du métier, la publicité, Google est de plus en plus vivement concurrencé, en premier lieu par Facebook, mais également par Amazon qui mois après mois s’impose comme un acteur qui compte dans le secteur.

Résultat de cette concurrence accrue, Google voit le prix moyen de la publicité facturé aux annonceurs s’éroder. En 2018 il était en recul de 29 %. Dans le même temps ses coûts d’acquisition de trafic augmentent : sur le dernier trimestre, il a dû débourser 7,4 milliards de dollars – contre 6,4 au dernier trimestre 2017 – pour s’assurer que Google soit le moteur de recherche par défaut installé sur des appareils fabriqués par des marques tierces, à commencer par les smartphones.