Dix personnes ont perdu la vie et 32 autres ont été blessées, dont une grièvement, dans l’incendie de la rue Erlanger à Paris (16e arrondissement), dans la nuit de lundi à mardi. / Beno"t Moser / AP

Le décompte restait figé, mercredi 6 février au matin, sur ces chiffres macabres : 10 personnes ont perdu la vie et 32 autres ont été blessées, dont une grièvement, dans l’incendie de la rue Erlanger à Paris (16e arrondissement), dans la nuit de lundi à mardi.

Vingt-quatre heures après que les flammes ont ravagé cet immeuble de huit étages sur cour, les sapeurs-pompiers de Paris demeuraient toujours sur place, notamment pour poursuivre les opérations de recherche, afin de vérifier que le brasier n’a pas fait d’autres victimes. Les recherches se concentraient notamment sur les deux derniers étages, le 7e et le 8e, qui ont été les plus touchés par les dégâts, bien que le feu ait vraisemblablement démarré au 2e étage. « Le feu, les gaz chauds et les fumées progressent vers le haut, donc vers la toiture », explique le capitaine Guillaume Fresse.

La brigade des sapeurs-pompiers de Paris, qui a payé un lourd tribut, avec huit blessés dans ses rangs, devait également surveiller les risques de reprise du feu, au niveau des gaines techniques ou de la structure du bâtiment, et s’assurer de la solidité de l’édifice, pour prévenir un effondrement. L’immeuble, qui date des années 1970, a été fortement fragilisé.

Antécédents psychiatriques et judiciaires

Pendant que les recherches continuent sur le terrain, les investigations judiciaires, elles, se concentrent sur le profil de la résidente de l’immeuble interpellée dans la rue, alors qu’elle tentait de mettre le feu à une poubelle et une voiture. Placée en garde à vue, elle a subi un examen médical et de comportement, à l’issue duquel décision a été prise de la placer à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police. Sa garde à vue a alors été levée, selon le parquet de Paris.

Cette femme de 40 ans, qui présente de sérieux antécédents psychiatriques, avec plusieurs séjours à l’hôpital Sainte-Anne à son actif, est également connue sur le plan judiciaire. Elle avait déjà fait l’objet en 2016 d’une procédure pour vol précédé de dégradation. Une source policière évoque, déjà à cette occasion, « un départ de feu ». Les faits avaient été classés sans suite, pour état mental déficient. Tout comme dans une autre procédure, toujours en 2016, pour « violences », selon une source judiciaire. En 2017, la police s’était à nouveau intéressée à elle, dans le cadre d’une procédure pour violences conjugales, classée sans suite, l’infraction étant insuffisamment caractérisée.

Témoignage

L’enquête en cours, ouverte pour « destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort et des blessures », devra déterminer s’il y a eu un raté dans le suivi médical de la principale suspecte et établir l’enchaînement précis des faits. Le témoignage de son voisin de palier, recueilli par Le Parisien, sera sans doute précieux. L’homme, lui-même pompier, avait appelé la police dans la nuit pour se plaindre du bruit provenant de l’appartement de la femme en question.

Les équipes de la brigade anticriminalité (BAC) se sont déplacées, ont constaté qu’elle semblait souffrir de troubles psychiatriques, mais l’ont jugée calme et n’ont pas estimé qu’elle représentait une menace. En remontant chez lui, le pompier résident de l’immeuble raconte avoir croisé sa voisine, qui venait d’essayer de « défoncer » sa fenêtre et sa porte « pour se venger ».

« Un voisin m’a expliqué qu’il y avait du papier devant ma porte avec du bois, témoigne-t-il. Elle a dû mettre le feu chez moi pour se venger. Quand je l’ai croisée, elle m’a souhaité bon courage en me disant que j’étais pompier, et que j’aimais bien les flammes. Là, je sens l’odeur de brûlé. » Les pompiers mettront près de six heures à éteindre l’incendie et à reprendre le contrôle de cette « scène d’une incroyable violence ».

Incendie Paris 16 : au moins 10 morts au 17 rue Erlanger
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