Affaire Benalla : la cheffe de la sécurité du premier ministre a démissionné
Affaire Benalla : la cheffe de la sécurité du premier ministre a démissionné
Marie-Elodie Poitout a démenti « être d’une quelconque façon liée à une rencontre » entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, mais a dit vouloir « écarter toute polémique ».
La cheffe du groupe de sécurité du premier ministre (GSPM) a démissionné jeudi 7 février afin d’« écarter toute polémique », tout en niant être liée à une conversation controversée entre Alexandre Benalla et Vincent Crase dont un enregistrement a été révélé par Mediapart, a annoncé Matignon.
Lors d’un entretien avec le premier ministre, Marie-Elodie Poitout a démenti « être d’une quelconque façon liée à une rencontre entre MM. Benalla [ex-chef de cabinet adjoint d’Emmanuel Macron] et Crase fin juillet. Toutefois, consciente de la sensibilité de sa fonction et soucieuse d’écarter toute polémique, la cheffe du GSPM a demandé au premier ministre d’être affectée sur une autre mission au sein du ministère de l’intérieur », a fait savoir le cabinet d’Edouard Philippe.
Le Parquet national financier (PNF) a par ailleurs ouvert une enquête pour « corruption » à propos du contrat de sécurité signé avec l’oligarque russe Iskander Makhmudov, négocié par Alexandre Benalla du temps où il était à l’Elysée, selon Mediapart. Les investigations ont été confiées à un service enquêteur de police de la préfecture de police de Paris, précise le site.
Un contrat noué avec un oligarque russe
Tout a commencé le 31 janvier, lorsque Mediapart a publié des enregistrements gênants pour M. Benalla, mis en cause pour des violences contre des manifestants, le 1er mai 2018, place de la Contrescarpe, à Paris, et pour son ami Vincent Crase, ancien responsable de la sécurité de La République en marche (LRM), inquiété pour les mêmes faits.
Cette bande audio permet d’entendre distinctement les deux hommes échanger, le 26 juillet 2018, en violation de leur contrôle judiciaire, à propos d’un contrat noué par M. Crase avec un homme d’affaires russe, Iskander Makhmudov. Ce dernier est soupçonné d’être lié à la criminalité organisée. Le contrat prévoyait notamment la protection des biens immobiliers en France de l’oligarque, et de sa famille à Monaco. Selon Mediapart, M. Benalla serait « personnellement impliqué dans ce contrat, y compris dans ses montages financiers ».
Dans cet enregistrement, M. Benalla se prévaut par ailleurs du soutien personnel du président de la République à la suite des faits du 1er mai.
La cheffe du GSPM a reçu Alexandre Benalla en juillet
Dans la foulée de la publication de cet article, un rédacteur de l’hebdomadaire Valeurs actuelles appelle les services du premier ministre pour les interroger. Le journaliste en question, Louis de Raguenel, voulait notamment « savoir dans quelles circonstances l’enregistrement de Benalla et de Crase avait été fait ». Il souhaitait en particulier connaître le rôle des services de renseignement dans cette affaire ainsi que déterminer si la rencontre entre MM. Benalla et Crase avait bien eu lieu au domicile de Marie-Elodie Poitout.
Après cet appel, le bras droit du premier ministre, Benoît Ribadeau-Dumas, raconte avoir « convoqué sans attendre » la cheffe du GSPM. Elle lui aurait alors expliqué avoir « reçu M. Benalla, qu’elle dit connaître depuis 2017, à son domicile, fin juillet, avec un ami commun », Chokri Wakrim, mais assure que M. Crase n’était pas présent.
Dans un souci de « transparence », selon l’entourage du premier ministre, un courrier est alors adressé par le directeur du cabinet d’Edouard Philippe au procureur de Paris pour lui transmettre ces éléments. Mme Poitout a été entendue mardi. Selon Le Parisien, elle aurait confirmé, lors de son audition mardi, avoir reçu M. Benalla à son domicile à la période indiquée, sans pouvoir préciser le jour, pour lui témoigner son soutien, tout en assurant ne pas avoir réalisé les fameux enregistrements. Elle aurait en outre affirmé ne pas se souvenir de la présence de M. Crase lors de cette rencontre mais a rapporté que son compagnon était présent.