Automobile : Emmanuel Macron pose la première pierre d’un « Airbus des batteries »
Automobile : Emmanuel Macron pose la première pierre d’un « Airbus des batteries »
LE MONDE ECONOMIE
Pour soutenir l’essor de la voiture électrique, la filière européenne sera dotée de 1,8 milliard d’euros d’aides publiques franco-allemandes.
Borne de charge pour véhicules électriques, à Paris, en 2014. / JACQUES DEMARTHON / AFP
Comment faire accélérer la France dans la voiture du futur électrique et autonome ? Emmanuel Macron a sa petite idée pour produire, dans l’Hexagone, les automobiles de demain. Une idée ou plutôt un plan qui se décline en quatre mesures phares que le chef de l’Etat a dévoilées, mercredi 13 février. Parmi les projets d’avenir mis en avant figure la création d’une filière française et européenne de la batterie, dotée de 1,8 milliard d’euros de soutiens publics franco-allemands. L’embryon d’un « Airbus des batteries », en quelque sorte.
Le plan Macron pour donner un coup de jeune au tissu industriel automobile national s’inspire très largement de la « mission Mosquet-Pélata », confiée, le 1er octobre 2018, par le président de la République à deux Français, éminents industriels de la voiture : Xavier Mosquet, chef du bureau de Detroit du Boston Consulting Group (BCG), et Patrick Pélata, ancien numéro deux de Renault et consultant de luxe du secteur.
- Un consortium franco-allemand dans les batteries
La mesure stratégique la plus structurante consiste donc à développer une filière européenne de la batterie, qui permettrait à l’Europe et à la France de rester en première division industrielle, à l’heure où la transition énergétique va faire exploser le besoin en composants de voitures électriques. « La batterie représente, à elle seule, 30 % de la valeur d’un véhicule 100 % électrique », souligne M. Mosquet. Actuellement, les fournisseurs de cellules de batteries pour automobiles sont exclusivement asiatiques.
Le projet, présenté comme un « chantier prioritaire du gouvernement », se structurera autour d’un consortium franco-allemand. Il sera soutenu financièrement à hauteur de 700 millions d’euros par la France et de 1,12 milliard d’euros promis par l’Allemagne dans le cadre d’un « projet important d’intérêt commun européen », cadre réglementaire permettant d’échapper au droit commun européen en matière de financements publics.
Une fois ce cadre industriel posé, il reste à monter sérieusement en puissance en matière de vente, pour atteindre le chiffre de 1 million de véhicules électriques rechargeables sur les routes de France en 2022 (contre 207 000, fin 2018). « Non pas que la France soit mal placée, commente M. Mosquet. Mais, même forte, la croissance actuelle des ventes ne va pas suffire. Il faut doubler de rythme pour atteindre + 50 % si nous voulons être au niveau des régions les plus avancées : la Californie, la Norvège, les grandes villes chinoises. »
- Un acheteur sécurisé
« Les constructeurs ont pris beaucoup de risques pour se lancer dans l’électrique, ajoute Carlos Tavares, le patron de PSA, s’exprimant en tant que président de l’Association des constructeurs européens d’automobiles. Il faut maintenant convaincre le client. Et, pour cela, relever trois défis : fabriquer des voitures accessibles financièrement, densifier l’infrastructure de charge et apaiser l’anxiété en matière d’autonomie. »
La deuxième mesure phare du plan consiste donc à sécuriser financièrement les acheteurs potentiels en donnant, dans le courant de l’année 2019, une visibilité sur le montant du bonus écologique jusqu’en 2022. « L’Etat devra aussi accorder aux utilisateurs de véhicules électriques des bénéfices non financiers liés à l’usage, tels que voies réservées, parkings spécifiques et gratuits, argumente M. Mosquet. Ces avantages sont aussi importants que les incitations financières pour convaincre les indécis. » La future loi d’orientation des mobilités, qui sera examinée au Parlement en mars, va faciliter la mise en place de ces mesures par les collectivités locales.
- Une infrastructure de recharge digne de ce nom
Le déploiement d’un réseau dense et adapté de bornes de charge constitue la troisième priorité de ce plan. Le gouvernement confirme son objectif de 100 000 bornes, en 2022, en France, et promet un travail précis sur leur localisation, une partie des actuels 25 000 points de recharge étant actuellement sous-utilisés en raison d’une implantation mal pensée. Des mesures seront aussi prises pour faciliter la recharge privée : pose de bornes systématiquement proposée dans les maisons individuelles, incitations financières et réglementaires pour l’installation de prises dans les copropriétés, possibilité de recharge gratuite en entreprise.
- Un cran au-dessus dans la voiture autonome
Enfin, constatant le retard pris en France, en matière de véhicule automatique, par rapport aux Etats-Unis en particulier, le président Macron souhaite un déploiement, en 2021, de services de transports autonomes à la demande en « taille réelle », c’est-à-dire à une échelle nettement supérieure à celle des expérimentations actuellement en cours. Et y compris à des niveaux très élevés d’automatisation.