« La Chute de l’empire américain » : l’argent, le bonheur, le Québec
« La Chute de l’empire américain » : l’argent, le bonheur, le Québec
Par Thomas Sotinel
Sous couvert d’une fable dénonçant les travers du siècle, Denys Arcand réalise un film d’arnaque gentiment paresseux.
En donnant à ses films des titres inspirés des historiens du XIXe siècle, Denys Arcand veut leur conférer une profondeur que leur vision ne permet pas toujours de confirmer. Après Le Déclin de l’empire américain, Les Invasions barbares, voici donc La Chute de l’empire américain, qui promet des reflets d’apocalypse, une déploration sur les ruines de Rome, ou – au moins – un peu d’anxiété. La promesse n’est pas tenue et le spectateur crédule devra se contenter d’une comédie policière pleine de bons sentiments.
Le héros en est Pierre-Paul (Alexandre Landry), philosophe de formation qui doit gagner sa vie en livrant des colis. Au hasard d’une course et d’un braquage sanglant, il se retrouve en possession de quelques millions de dollars (canadiens, certes, ne nous emballons pas), qu’il décide de conserver par-devers lui.
Intrigue désuète
Entamé comme un film d’action, La Chute de l’empire américain se transforme alors en film d’arnaque. Conscient de son inexpérience en matière criminelle, Pierre-Paul fait appel à la collaboration de Sylvain Bigras (Rémy Girard, vétéran du Déclin et des Invasions), ex-chef d’une bande de motards qui a profité de ses années de prison pour étudier le droit fiscal. Bientôt rejoint par une call-girl au grand cœur (Maripier Morin), Alexandre entreprend de prendre le système à son propre piège.
On entrevoit un bref instant un film ambigu qui conduirait ses héros sur les chemins de la corruption. Mais il ne s’agit ici que d’employer de vieilles recettes : les sales coups que l’on fait n’ont jamais d’autres victimes que des sales types (un chef de gang afro descendant, un avocat véreux), ce qui absout le trio de tout péché. De toute façon, sans la pompe de ce titre, on ne se poserait pas ces questions éthiques : on se laisserait aller à cette intrigue convenue et désuète, qui n’exige rien d’autre du spectateur qu’un peu d’attention.
Film canadien (Québec) de Denys Arcand. Avec Alexandre Landry, Maripier Morin, Rémy Girard (2 h 09). Sur le Web : www.jour2fete.com/distribution/la-chute-de-lempire-americain