Des soldats vénézuéliens gardent la frontière entre le Venezuela et le Brésil près de Pacaraima, le 22 février. / RICARDO MORAES / REUTERS

Les tensions n’ont cessé de croître depuis le début de la semaine au Venezuela en raison du refus des autorités de laisser entrer l’aide humanitaire, bloquée aux frontières. Vendredi 22 février, une personne est morte et douze autres ont été blessées à la suite d’affrontements entre la population et les forces de sécurité à Gran Sabana, une localité vénézuélienne proche de la frontière avec le Brésil.

La mort de Zoraida Rodriguez, qui appartient, comme les personnes blessées, à la communauté indigène Pemon, a été confirmée par le maire de la commune, Emilio Gonzalez. L’ONG de défense des droits de l’homme Kapé Kapé fait état d’un bilan total de deux morts, non confirmé par les autorités à ce stade.

Les heurts avaient débuté plus tôt dans la journée, lorsqu’un groupe d’Amérindiens a tenté d’empêcher des militaires de bloquer la frontière, conformément à un ordre donné la veille par le président Maduro. Des stocks d’aide humanitaire, que le gouvernement a décidé de ne pas laisser passer, s’accumulent en effet côté brésilien. Fournis par des Etats qui soutiennent l’opposition, ils s’apparentent selon Caracas à une ingérence extérieure.

L’armée « en alerte »

L’opposant Juan Guaido, qui a promis que l’aide d’urgence entrerait coûte que coûte dans le pays samedi, a accusé sur Twitter les militaires d’avoir tiré des « rafales contre des Pemon qui se trouvaient au poste de contrôle de la garde nationale ». Il a également demandé que soient arrêtés les « responsables de la répression et de l’assassinat de nos frères Pemon (…) qui soutenaient [l’entrée de] l’aide humanitaire ».

Le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, a également condamné « fermement » l’attaque. « Nous exigeons que cessent les attaques contre la population », a-t-il écrit sur Twitter. L’armée, qui a réaffirmé sa « loyauté absolue » au chef de l’Etat vénézuélien, s’est dit mardi « en alerte » face à toute violation du territoire.

De part et d’autre d’une autre frontière où s’empile également de l’aide humanitaire, celle du Venezuela avec la Colombie, deux concerts « rivaux » sont organisés : l’un, côté colombien, par le milliardaire britannique Richard Bronson en soutien à l’opposition ; l’autre, côté vénézuélien, par le gouvernement de Caracas, qui a prévu trois jours de concerts en soutien à Nicolas Maduro.

Les organisateurs du concert colombien espèrent que, couplé à des pressions accrues de partisans de l’opposition sur le terrain, le rassemblement contraindra le pouvoir à céder et à ouvrir la frontière afin que l’aide passe. Il s’agirait alors d’une victoire de taille pour l’opposition, qui y voit un tournant potentiel vers la transition politique. Aux cris de « Liberté ! » ou « Le gouvernement va tomber », les premiers spectateurs, vêtus de blancs et brandissant des drapeaux vénézuéliens, se sont massés tôt vendredi matin devant la scène colombienne, a constaté un journaliste de l’AFP.