Le pic de pollution aux particules fines de ces derniers jours a poussé les autorités à interdire la circulation des véhicules les plus polluants mercredi 27 février à Paris et sa proche banlieue ainsi que, pour la première fois, à Lille et sa métropole.

  • Les véhicules de classe 4 et 5 interdits

A Paris, l’interdiction de circulation, à l’intérieur d’un périmètre délimité par l’autoroute A86, concerne les véhicules non classés et les véhicules de classe 4 et 5 selon la classification des vignettes Crit’Air, obligatoires à Paris. Le contrôle de ces vignettes « mobilisera trois cents fonctionnaires de police ce mercredi 27 février », a annoncé la préfecture de police mardi.

A Lille, les véhicules équipés d’une vignette Crit’Air 0, 1, 2 et 3 seront également les seuls autorisés à circuler dans un périmètre qui couvre une douzaine de communes.

Les véhicules 4 et 5 – soit environ 20 % des vignettes vendues dans le département – ou non classés pourront rouler dès lors qu’il y a au moins deux personnes à bord, a toutefois précisé la préfecture du Nord, qui impose la circulation différenciée pour la première fois depuis que le principe en a été acté, en 2017. Les contrevenants risquent une amende de 68 euros.

« Cette mesure est le résultat d’un niveau de pollution élevé, voire très élevé depuis [lundi], [mardi], et annoncé [mercredi]», a fait valoir le préfet du Nord, Michel Lalande, en conférence de presse, soulignant qu’un tiers de la pollution atmosphérique est dû aux transports.

Après déjà plusieurs jours de pollution, à Paris comme à Lille, les organismes régionaux de surveillance de la qualité de l’air prévoient en effet de nouveau mercredi dans ces villes un niveau de concentration de particules fines supérieur au seuil d’information fixé à 50 g/m3.

  • Polémique à Paris

GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

En Ile-de-France, les concentrations de particules fines dans l’air avaient déjà dépassé ce seuil mercredi, jeudi et vendredi derniers, grimpant même au-delà de 70 g/m3 ; sans toutefois entraîner d’interdiction de circulation, ce qui a provoqué une polémique, l’adjoint chargé des transports à la mairie de Paris, Christophe Najdovski, accusant les services de l’Etat de jouer la montre pour éviter d’avoir à prendre des mesures restrictives. De la « mauvaise polémique », a rétorqué le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, pour qui « le préfet n’a pas rien fait ».

« Notre demande a enfin été entendue, s’est réjouie mardi la maire de Paris, Anne Hidalgo. C’est une bonne nouvelle pour tous les Parisiens et Franciliens qui sont victimes depuis une semaine des pics de pollution. » Mardi, Mme Hidalgo avait réclamé la restriction de la circulation des véhicules polluants « dès qu’un pic de pollution survient ».

  • A Lille, limitation de vitesse et tarif en baisse dans les transports en commun

A Lille, en 2015. / DENIS CHARLET / AFP

Dans la métropole lilloise, où selon Atmo environ mille sept cents personnes meurent prématurément chaque année à cause de la mauvaise qualité de l’air, les militants écologistes ont également salué cette décision, qu’ils jugent néanmoins tardive.

« C’est pas trop tôt ! », a réagi Christophe Liénard, président de l’association Amis de la Terre du Nord : « C’est une décision qui intervient après plusieurs jours de pic de pollution, qui n’a jamais été prise pendant l’année 2018 alors qu’on a atteint un niveau record de jours de pic de pollution. »

Le chef-lieu des Hauts-de-France est régulièrement confronté à des pics de pollution, auxquels les autorités essaient, difficilement, de remédier : la vitesse est par exemple limitée depuis le 1er février à 70 km/h (contre 90 km/h auparavant) sur une partie du périphérique lillois de façon expérimentale. Lundi, le préfet de région a d’abord imposé dans le Nord et le Pas-de-Calais des vitesses maximales abaissées de 20 km/h, et ce jusqu’à jeudi à 10 heures.

La Métropole européenne de Lille (MEL) a, elle, décidé de proposer un ticket unitaire à 1,65 euro permettant mercredi d’emprunter les transports en commun de façon illimitée toute la journée.