Un car Isilines à la gare routière de Paris-Gallieni, porte Bagnolet, le 12 août 2015. / HUGO MATHY / AFP

Il n’aura fallu que quatre ans pour consolider le marché des cars longue distance libéralisé en 2015 par la loi dite Macron. Lundi 4 mars, Transdev et FlixBus ont annoncé l’ouverture de négociations exclusives pour l’acquisition par le second des sociétés Isilines (qui couvre le marché français) et Eurolines (qui couvre l’international : Benelux, Espagne, Portugal, République tchèque).

Après la sortie de ce marché de la filiale la Caisse des dépôts et consignations, il ne reste désormais que deux acteurs principaux dans l’Hexagone : l’allemand FlixBus et le français Blablacar, qui est en train de reprendre Ouibus à la SNCF. Les deux sociétés revendiquent le leadership sur ce secteur.

« Le marché du car longue distance est très porteur, la preuve Isilines-Eurolines avait vu son nombre de passagers progresser de 10 % l’an dernier. Cependant, nous n’avions pas la taille critique pour poursuivre cette activité grand public, indique au Monde Thierry Mallet, le PDG de Transdev. Nous avons décidé de recentrer le groupe sur les activités de transports pour les collectivités et les entreprises. Cette cession en est une déclinaison concrète. »

Marché reste encore très jeune

Le groupe français, qui a déjà cédé ses activités britanniques de taxi, souhaite notamment se préparer à l’ouverture du secteur ferroviaire français. Dès 2020, un premier appel d’offres pour la gestion des lignes ferroviaires Nantes-Lyon et Nantes-Bordeaux doit être organisé par l’Etat. Et Transdev devrait préparer une offre.

Pour le secteur du car longue distance, le retrait de Transdev n’est pas franchement une surprise, car il avait perdu beaucoup de terrain sur ses concurrents FlixBus et Ouibus (Blablacar). Contrairement à ces sociétés, Transdev avait refusé d’investir à fonds perdu dans l’acquisition de nouveaux clients, la rentabilité du secteur étant encore un objectif très lointain.

Ceci dit, le marché reste encore très jeune. Et 2018 a été une année exceptionnelle, avec près de 9 millions de personnes transportées en France, contre 7,1 millions un an plus tôt. Alors que FlixBus revendique 40 % de croissance de sa fréquentation, Ouibus assure en avoir transporté 25 % de plus qu’un an plus tôt.

L’équilibre économique reste le Graal

Malgré cette nouvelle étape de concentration, le marché devrait poursuivre son développement. « Depuis trois ans, il croît de 20 % à 40 % par an. Il a encore de nombreuses années de croissance très forte », assure Roland de Barbentane, le patron de Ouibus. « Le marché n’est pas encore mature et peut progresser, confirme Yvan Lefranc-Morin, directeur général de FlixBus France. Cependant, il ne devrait pas atteindre le niveau allemand, qui compte 25 millions de passagers. » Ni la configuration géographique, ni l’offre de transport longue distance ne sont comparables.

Pour tous les acteurs, l’équilibre économique reste le Graal. En France, aucun des acteurs n’est encore parvenu à la rentabilité. En Europe, non plus, mais désormais, la bataille va bien avoir lieu à ce niveau. Blablacar a annoncé le 1er mars le lancement de ses premières lignes Blablabus en Allemagne et au Benelux, avec pour objectif de rejoindre une soixantaine de villes d’ici un an. En juin, la cession de Ouibus à Blablacar sera effective.