« Stan & Ollie » : les derniers jours d’une amitié
« Stan & Ollie » : les derniers jours d’une amitié
Par Thomas Sotinel
John C. Reilly et Steve Coogan incarnent Oliver (Ollie) Hardy et Stan Laurel au soir de leur carrière, pendant une tournée des music-halls britanniques.
La visite des grandes villes industrielles de Grande-Bretagne n’est pas le meilleur moyen de sauver un couple anglo-américain qui va à vau-l’eau. En 1953, Stan Laurel, qui vit le jour dans le Lancashire sous le règne de Victoria, en 1890 et Oliver (Ollie) Hardy, né en 1892 dans le sud profond des Etats-Unis d’un officier confédéré, tentèrent pourtant de redonner des couleurs à leur union en entreprenant une tournée des music-halls britanniques. Pour le duo, qui avait régné au box-office de la fin du muet jusqu’à celle de la Grande Dépression, il s’agissait de convaincre un producteur londonien de financer leur prochain film.
Sur cette trame historique, le scénario du Britannique Jeff Pope brode une élégie à l’amitié que Jon S. Baird met en scène avec une sensibilité qui frise parfois l’asthénie. Un prologue évoque la pire tourmente qu’aient traversée Laurel et Hardy. En 1937, le premier choisit d’entrer en conflit avec Hal Roach (que Danny Huston incarne avec une fureur qui conviendrait aussi bien à un criminel de guerre), producteur de tous leurs films, pendant que le second préfère le compromis. Laurel écrit et aspire à mettre en scène (il est arrivé aux Etats-Unis sur le même bateau que Charlie Chaplin, dont l’exemple, désormais hors d’atteinte, ne quitte jamais son esprit), Hardy est plus préoccupé de parier sur les champs de course du sud de la Californie.
Deux corps malades
Les deux hommes ont beau s’être retrouvés sur les plateaux de la Fox, ce schisme a de fait aboli leur statut de superstars. Ils restent immensément célèbres, mais n’ont plus les moyens de faire fructifier ce capital, comme ils s’en aperçoivent au début de leur tournée anglaise : incertain de leur popularité, l’imprésario Bernard Delfont (Rufus Jones, onctueux) ne leur propose que de petites salles, et le producteur londonien sur lequel ils placent tous leurs espoirs joue l’Arlésienne.
Tous deux malades (Hardy plus que Laurel, il mourra d’une cardiopathie en 1958), Stan et Ollie s’accrochent l’un à l’autre comme des naufragés en dépit des rancunes. L’arrivée de leurs épouses respectives (Shirley Henderson est madame Hardy, Nina Arianda, madame Laurel) en pleine tournée pourrait encore les éloigner, mais aussi possessives que soient les deux femmes, elles savent aussi bien que le public qui finit par remplir les théâtres anglais que leurs hommes ne sont rien sans l’autre.
John C. Reilly (Hardy) et Steve Coogan (Laurel) synchronisent la symbiose qui unit ces deux corps malades avec une précision qui vaut bien celle qui présidait aux grandes batailles de tartes à la crème du studio Hal Roach.
STAN ET OLLIE ( Steve Coogan et John C. Reilly ) - Bande-annonce VF
Durée : 02:27
Film britannique de Jon S. Baird. Avec Steve Coogan, John C. Reilly, Shirley Henderson, Nina Arianda, Danny Huston (1 h 37). Sur le Web : www.metrofilms.com/films/stan-ollie, www.sonyclassics.com/stanandollie et www.facebook.com/StanAndOllieFilm