En Europe, la lutte pour les droits des femmes peine à avancer
En Europe, la lutte pour les droits des femmes peine à avancer
LE MONDE ECONOMIE
La France fait figure de bonne élève avec 44 % de femmes au sein des conseils d’administration.
A Bruxelles, jeudi 7 mars. / EMMANUEL DUNAND / AFP
Comme chaque année, le 8 mars, l’Europe célèbre en grande pompe la Journée internationale des droits des femmes : rapports, déclarations, conférences, etc. L’occasion pour les institutions de mettre en avant leur travail en matière d’égalité hommes-femmes, sans nécessairement oser faire référence aux vieux dossiers qui n’avancent pas.
Bien sûr, des choses sont faites à l’échelon de l’Union européenne : une nouvelle législation vient d’être adoptée sur le congé parental et le congé de paternité. Mais d’autres, en revanche, prennent la poussière dans les tiroirs des institutions. C’est le cas d’un projet de réglementation de 2012 visant à assurer la présence de 40 % de femmes dans les conseils d’administration des sociétés cotées en Bourse, qui prévoit qu’en présence de candidats à qualifications égales, priorité doit être accordée au candidat du sexe sous-représenté. Un palier largement dépassé par la France (44 %), grâce notamment à sa loi du 28 juillet 2011, mais que tous les autres Etats membres peinent à atteindre (avec moins de 10 % pour l’Estonie et la Grèce).
Blocage d’une dizaine d’Etats membres
En présentant sa proposition en 2012, la Commission avait insisté sur la nécessité de ne pas perdre de temps, puisque, « au rythme actuel, quarante années seraient nécessaires pour parvenir à réduire les différences actuelles ». Or, sept ans ont passé. Mais une dizaine d’Etats membres – assez pour bloquer la proposition – s’y opposent. La Commission de Jean-Claude Juncker, soutenue par le Parlement, refuse de retirer son texte. Mais rien n’est sûr pour celle qui la remplacera.
Autre exemple, qui touche le cœur des institutions : la formation sur la prévention du harcèlement, y compris sexuel, au Parlement européen. Elle bénéficie en théorie du soutien des députés. Ils ont pourtant refusé, en février, de la rendre obligatoire dans leur règlement intérieur, lors d’un vote à bulletin secret. Cette formation est pourtant défendue depuis plusieurs années par le mouvement MeTooEP, un collectif de travailleurs du Parlement européen actifs contre le harcèlement sexuel. Il a donc fait circuler une déclaration d’engagement contre le harcèlement sexuel faisant référence à cette formation. Ladite déclaration s’adresse aux députés et aux candidats députés à l’approche des élections européennes. Et même après. Et pas seulement le 8 mars.