Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants sur leurs parcours d’orientation. Aujourd’hui, Blandine, 22 ans, étudiante en architecture à Paris. Originaire de Vendée, elle témoigne de la difficulté, lorsqu’on a grandi loin des grandes villes, d’étudier dans la capitale.

J’ai grandi en Vendée, en bordure de forêt et à cinq minutes à pied de la mer. Mon enfance se résumait à jouer avec ma petite sœur dans notre jardin. On grimpait dans les arbres. Avec mes parents, on passait beaucoup de temps à se promener en forêt et à la plage. Après l’école, quand ce n’était pas notre voisine qui venait nous chercher, ma mère nous emmenait prendre notre goûter sur la plage. On y retrouvait toujours des camarades de classe et parfois même la maîtresse. En grandissant, j’ai commencé à y aller avec mes amis. C’était notre point de rencontre. Au lycée, j’y allais tous les soirs toute seule. Ça me vidait la tête de mes soucis et du stress du bac. Toute ma famille habitait à côté. On se voyait donc souvent. Pour les anniversaires et les fêtes, on organisait de grands repas et, pendant les vacances, on passait nos journées, ma sœur et moi, chez nos grands-parents.

Après mon bac, j’ai décidé de faire des études d’architecture. En arrivant dans cette école parisienne, j’étais seule, je ne connaissais personne. Je n’ai pas aimé l’ambiance, il y avait trop de monde. J’ai rencontré beaucoup de personnes qui étaient obsédées par leurs études, quitte à oublier le reste de leur vie. On était tout de suite poussés à l’excellence, et on nous a fait comprendre qu’il fallait être très ambitieux et toujours être les meilleurs.

Décalage social et culturel

De mon côté, je ressentais beaucoup de mépris, autant de la part des élèves que des profs, car je venais de la province et, pire encore, de la campagne. A chaque fois que je leur disais que j’allais rentrer chez moi, je me prenais des piques du style : « Mais pourquoi tu veux toujours y retourner ? C’est une rue là-bas. » On me méprisait aussi parce que mes parents n’avaient pas de métiers prestigieux et que je n’avais pas vu les dernières expos.

Et puis, j’ai vite découvert qu’au quotidien, à Paris, il y a peu d’entraide. Je me souviens d’un homme en fauteuil roulant qui avait du mal à sortir du tram. Personne n’est venu l’aider. Les gens regardaient leurs pieds pour ne pas le voir et se faufilaient pour sortir au plus vite. Dans les transports, le but est d’être le plus rapide et d’avoir une place assise, même s’il faut courir et pousser les autres. J’ai emprunté la ligne 13 quotidiennement pendant plus d’un an. Et une bousculade peut finir très vite en dispute où tout le monde se met à crier. Il y a beaucoup de gens irrespectueux qui ne veulent pas être à côté d’un SDF dans les transports et qui se bouchent le nez.

J’ai eu ma licence d’architecture l’année dernière, et j’ai toujours envie de quitter Paris. Cette année, je suis en année de césure, en service civique à Romcivic, avec l’association Les Enfants du Canal, qui lutte contre l’exclusion sociale. L’année prochaine, je vais reprendre mes études en faisant mon master d’architecture. Après, on verra. Les valeurs les plus importantes pour moi sont la famille, la solidarité, la nature et la bienveillance. Je me suis aussi rendu compte que je ne suis pas du tout carriériste. Ce choix d’aller à Paris n’était finalement pas très bon. Mais il m’a quand même permis de mieux me connaître.

La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. / ZEP

La zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des 15-25 ans

La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. Par l’intermédiaire d’ateliers d’écriture dans des lycées, universités, associations étudiantes ou encore dans des structures d’insertion, ils témoignent de leur quotidien et de l’actualité qui les concernent.

Tous leurs récits sont à retrouver sur Le Monde Campus et sur la-zep.fr.