« Dragon Ball Super : Broly » : bruit et fureur pour les vétérans du Club Dorothée
« Dragon Ball Super : Broly » : bruit et fureur pour les vétérans du Club Dorothée
Par Thomas Sotinel
Un film d’animation permet de redécouvrir un univers qui a marqué une génération.
De deux choses l’une : vous regardiez le « Club Dorothée » au temps du second mandat de François Mitterrand, par inclination, parce que vous étiez enfant (probablement un garçon), par obligation, parce que vous aviez charge d’enfant, Dragon Ball Super : Broly vous ramène alors au temps des premières Game Boy ; ou alors vous avez perdu un pari stupide et décidé de faire le rude apprentissage mythes et légendes de l’univers de Dragon Ball dont vous ignorez tout.
Dans ces deux cas, vous irez voir Dragon Ball Super : Broly, luxueusement animé, qui ressasse les thèmes de l’univers créé il y a plus de trente ans par le mangaka Akira Toriyama, en reproduisant, sur une toile plus large, les quelques qualités (l’humour, l’ampleur de l’univers) et les nombreux défauts (la répétition des figures dramatiques, la laideur de la palette, la pauvreté de la musique…) inhérents à cette saga en 42 tomes, 150 épisodes de série et une vingtaine de longs-métrages. Les autres catégories démographiques peuvent passer leur chemin, sous peine de migraine ophtalmique.
Entamé sous sa forme dessinée comme une version moderne du Voyage vers l’Ouest, classique de la littérature chinoise, Dragon Ball s’est vite enfermé dans un univers peuplé de guerriers qui acquièrent chèrement des pouvoirs extravagants. Des planètes se désintègrent sous les coups des boules d’énergie nées des poings des protagonistes, ceux-ci se transforment physiquement au fil de leur montée en puissance (la blondeur est associée à la puissance). L’anime qui en a été tiré a choisi le même chemin, nourrissant les cours de récréation du monde entier de cris de guerre stridents et de poses vaguement ridicules.
Violence extrême
On retrouve dans Broly cette violence extrême qui entraîne les personnages dans des duels cosmiques interminables, montés à un rythme stroboscopique. Mais il faut convenir que le scénario – qui se situe sur une chronologie parallèle à celle de la saga – trouve parfois une ampleur intéressante.
Broly, le personnage principal, est un enfant chassé de sa planète par un souverain injuste, élevé par un par un père belliqueux et menteur. A la fois comte de Monte-Cristo et roi caché, il tient à son insu le sort de l’Univers entre ses mains. Cette gravité est contrebalancée – peut-être grâce à la présence d’Akira Toriyama parmi les concepteurs – par de brefs épisodes dont l’humour potache rappelle le charme des premiers tomes du manga.
La genèse des Dragon Ball est par ailleurs évoquée de manière ultracursive en montages accélérés qui ne seront d’aucune utilité aux non-initiés. Ceux-ci auront fort à faire pour répertorier l’affluence croissante de personnages aux physiques plutôt uniformes (on peut s’appuyer sur leurs styles capillaires pour les distinguer).
Reste que l’essentiel du film est fait de ces combats (particulièrement – à bons entendeurs, konichiwa – celui qui oppose Broly à Sango Ku et Vegeta) bariolés et bruyants qui épuisent les sens. La qualité de l’animation, de la texture de l’image élève Dragon Ball Super : Broly bien au-dessus des clignotements de l’anime télévisé pour devenir, si l’on se laisse aller, une expérience aussi épuisante que psychédélique. C’est aussi la meilleure occasion qu’aient donnée à ce jour aux néophytes les artisans de Dragon Ball de découvrir un univers qui a marqué l’imaginaire d’une génération.
DRAGON BALL SUPER - BROLY - Bande-annonce VF
Durée : 01:33
Film d’animation japonais de Tatsuya Nagamine (1 h 40). Sur le Web : www.dragonballsuperbroly-lefilm.com