Safran peine à ouvrir des usines en France
Safran peine à ouvrir des usines en France
LE MONDE ECONOMIE
L’équipementier aéronautique a annoncé, mardi, l’ouverture d’un site à Bordeaux, mais suspend celle de l’agglomération lyonnaise.
Philippe Petitcolin, directeur général de Safran, à Paris, en février. / ERIC PIERMONT / AFP
Ce n’est pas tous les jours que Bruno Le Maire est porteur d’une bonne nouvelle sur le front industriel. Le ministre de l’économie a pu annoncer, mardi 12 mars, que Safran ouvrira, en 2021, un site de production au Haillan, dans l’agglomération de Bordeaux (Gironde), et peut-être un second dans l’agglomération lyonnaise. Plus facile que la gestion de la fermeture de l’usine Ford de Blanquefort (Gironde), qui emploie 850 personnes, ou du cafouillage de la reprise de l’aciérie d’Ascoval à Saint-Saulve (Nord), en suspens jusqu’au 27 mars.
« Philippe Petitcolin m’a annoncé qu’il installerait l’usine de fabrication additive 3D sur le site du Haillan, a déclaré M. Le Maire, à l’issue d’un entretien avec le directeur général de l’équipementier aéronautique. C’est 200 emplois pour l’agglomération de Bordeaux, sur une activité qui est technologiquement très avancée, qui ira de la recherche à la conception jusqu’au développement des produits. » Ce campus sera voisin d’une usine du groupe et d’une implantation d’ArianeGroup. Safran s’est engagé, selon M. Le Maire, à y reclasser entre 30 et 50 salariés du site Ford de Blanquefort, qui fermera en août.
Millefeuille administratif
En revanche, le numéro deux mondial du secteur (derrière l’américain UTC), qui emploie 44 000 salariés en France sur un effectif total de 92 000 personnes, a suspendu sa décision d’ouvrir un site de fabrication de disques de frein au carbone proche de celui de Villeurbanne (Rhône), qui emploierait 100 salariés. Cette réticence illustre les difficultés des entreprises à s’implanter dans l’Hexagone. « Nous avons des efforts importants à faire pour simplifier nos procédures, pour que nos industries s’installent et restent en France », a reconnu M. Le Maire, promettant, « sous quinze jours, des réponses très concrètes » aux demandes de Safran.
Pour M. Petitcolin, cette implantation doit être aussi compétitive que les trois usines fabriquant ces composants (France, Etats-Unis, Malaisie). Face à l’inertie du système français, caractérisé par un millefeuille administratif, des pesanteurs pour les raccordements (gaz, électricité…) ou la complexité des normes environnementales, il avait récemment prévenu que « la solution de facilité serait d’investir à l’étranger », déplorant que « rien ne [soit] fait pour aider l’industriel à investir en France ».
Safran est sur un marché porteur, avec un chiffre d’affaires de 21 milliards d’euros en 2018 (+ 32 %). Son dernier investissement majeur en France remonte à 2014, avec l’usine de Commercy (Meuse), qui produit des pièces pour le moteur LEAP équipant les A320neo d’Airbus et les 737 MAX de Boeing.