« Chimpanzés, le combat des chefs » : David ou l’art d’être un leader
« Chimpanzés, le combat des chefs » : David ou l’art d’être un leader
Par Catherine Pacary
Les caméras ont suivi pendant deux ans un clan de 32 singes au Sénégal et analysé le comportement du mâle dominant.
Dans le combat de David contre Luthor, c’est David qui attire la sympathie. Ce mâle alpha dirige un clan de 32 chimpanzés depuis trois ans, auquel appartient Luthor. Intrigués par cette belle longévité, une équipe de tournage et des scientifiques ont suivi le groupe de singes durant deux ans dans la forêt de Fongoli, au Sénégal, pour en étudier le fonctionnement. Il en résulte un documentaire anthropomorphique sur le rôle, les devoirs et les difficultés d’être un chef en toutes circonstances, porté par le commentaire enjoué du comédien François Morel.
Ainsi, la première fois qu’un jeune mâle défie le leader, une simple démonstration de force suffit à ramener le calme. En revanche, lorsqu’un incendie dévaste le paysage – très belles images d’apocalypse –, les rivalités sont mises de côté et le chef doit avant tout subvenir aux besoins vitaux du groupe. D’instinct, David saura où trouver de l’eau. Il échouera en revanche face à la rébellion de trois jeunes chimpanzés. Le vieux mâle est alors laissé pour mort. De belles et cruelles images encore : « Regardez bien, imperceptiblement, un doigt [de sa main mutilée] bouge. »
Stratégie dans le temps
S’ouvre alors le chapitre « reconquête du pouvoir ». David établit une stratégie dans le temps pour retrouver la forme et libérer son clan du joug de Luthor. On ne peut s’empêcher de douter… Suit-il un raisonnement aussi complexe que le suggère le commentaire ? Ce qui est certain, c’est que le vieux chef réussit son come-back en développant des capacités supérieures à celles des autres mâles.
David va à nouveau se démarquer par son mode de séduction – l’attribut essentiel du chef étant, rappelons-le, de pouvoir s’accoupler avec les femelles du groupe. Après avoir chassé un galago, il va non pas le manger mais l’offrir à sa dulcinée, comportement connu des scientifiques, mais très rarement observé. Puis il va attendre. Chez les chimpanzés, c’est en effet la femelle qui choisit son partenaire. Parviendra-t-il à ses fins ?
Le groupe se déplace d’un pas lent. En dehors des scènes de combat, tous les mouvements des singes sont lents. Les scènes d’épouillage sont longues, comme celles où les chimpanzés mangent des fourmis ou des termites pendant des heures. Patience…
Chimpanzés, le combat des chefs, de Rosie Thomas, raconté par François Morel (Fr., 2018, 90 min). www.france.tv/france-2