Rosita Zacarias (à gauche), âgée de 15 ans, tient sa jeune soeur de 9 ans, Joaninha, dans les eaux des inondations provoquées par le cyclone Idai, qui a détruit leur maison. Dans le district de Buzi, au Mozambique, le 22 mars 2019. / YASUYOSHI CHIBA / AFP

A Beira, envoyé spécial

A l’aéroport de Beira, le ballet des avions militaires, hélicoptères et avions-cargos est devenu incessant. Transformés en centre opérationnel pour les ONG, les agences de l’ONU et les gouvernements venus en aide aux victimes du cyclone Idai et des inondations, les halls grouillent d’humanitaires, de militaires et de journalistes, au milieu des passagers qui tentent de se frayer un chemin vers leurs vols.

Un sentiment de responsabilité

« On restera tant que le gouvernement le souhaitera », a annoncé Sebastian Rhodes Stampa, le représentant des Nations unies qui coordonne les opérations d’urgence, alors que l’ONU s’apprête à lancer un appel aux dons de près de 300 millions de dollars pour participer à la reconstruction du centre du pays. Un élan de solidarité sans précédent pour le Mozambique, qui pourrait se teinter d’un sentiment de responsabilité.

« Le Mozambique est l’un des pays les plus exposés aux changements climatiques. En Afrique australe, les températures augmentent deux fois plus vite que la moyenne mondiale », souligne Gerald Bourke, représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) dans l’équipe d’urgence présente à Beira.

Idai est loin d’être le premier cyclone à s’abattre sur la côte mozambicaine. Mais son intensité et sa magnitude s’expliquent par le dérèglement des bassins hydrographiques, déjà saturés en eau. Les humanitaires le comparent désormais à l’ouragan Katrina qui a détruit La Nouvelle-Orléans en 2005, ou le typhon Haiyan qui a ravagé les Philippines en 2013.

Insécurité alimentaire

Pour couronner le tout, les épisodes cycloniques, qui se font plus fréquents ces dernières années, alternent avec des épisodes de grande sécheresse. L’année dernière, la région a connu la plus importante de ces trente-cinq dernières années. « Pour résumer, un coup ils ont trop d’eau, un coup ils n’en ont pas assez », ajoute Gerald Bourke. Une situation qui plonge des millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire, alors que 60 % de la population d’Afrique australe vit de l’agriculture de subsistance, et notamment de la culture du maïs.

Le PAM estime que 400 000 hectares de champs ont été emportés par les flots provoqués par Itai, alors qu’au Zimbabwe voisin, également touché par le cyclone où il a fait 259 morts, 5,3 millions de personnes sont en insécurité alimentaire. Gerald Bourke s’inquiète des effets à long terme, une fois que les caméras de télévision seront reparties :

« Ce qu’on remarque, c’est qu’il est très difficile de mobiliser des fonds de donateurs pour des projets de résilience qui permettraient de rendre les agriculteurs plus résistants aux chocs climatiques », précise-t-il.

« Je crois que le monde réalise qu’on n’a pas fait assez contre le changement climatique, admet pour sa part Sebastian Rhodes Stampa. Nous devons nous préparer à gérer des événements climatiques sévères de plus en plus fréquents. » Il l’assure : les plans de reconstruction au Mozambique prévoiront une adaptation aux conséquences du changement climatique.