Seine-Saint-Denis : des Roms pris à partie sur fond de rumeur d’enlèvements d’enfant
Seine-Saint-Denis : des Roms pris à partie sur fond de rumeur d’enlèvements d’enfant
Le Monde.fr avec AFP
Depuis plusieurs semaines, des messages évoquent – à tort – des tentatives d’enlèvement de mineur par des personnes circulant en camionnette blanche.
Vingt personnes ont été interpellées et placées en garde à vue dans la nuit du lundi 25 au mardi 26 mars en Seine-Saint-Denis après des violences visant des Roms. Ces derniers avaient été désignés par des rumeurs sur les réseaux sociaux comme étant à l’origine d’enlèvements d’enfant.
Lundi à partir de 20 heures, « plusieurs rixes et violences » ont eu lieu à Clichy-sous-Bois puis à Bobigny. Aucun blessé n’a été déploré. Ces violences font suite à la multiplication, sur les réseaux sociaux, de messages alarmants évoquant des tentatives d’enlèvement d’enfant ou adolescent par des personnes circulant en camionnette blanche dans plusieurs localités d’Ile-de-France, en particulier des Hauts-de-Seine et de Seine-Saint-Denis.
Sur Twitter, la préfecture de police a déploré une « fake news » :
« Les rumeurs de kidnapping d’enfants avec une camionnette sont totalement infondées. Aucun enlèvement n’est avéré. Ne relayez plus cette fausse information, n’incitez pas à la violence. »
Deux hommes pris à partie à Colombes
Lundi, elle avait déjà signalé que « suite au partage de cette rumeur sur les réseaux sociaux, deux personnes ont été injustement accusées puis lynchées ». Le 16 mars à Colombes (Hauts-de-Seine), une vingtaine de jeunes avaient pris à partie les occupants d’une camionnette blanche, selon une source policière. Les deux hommes, légèrement blessés, ont réussi à s’extirper du véhicule pour se réfugier dans un hall d’immeuble. Ils n’ont pas porté plainte.
En Seine-Saint-Denis, le commissaire de Clichy-sous-Bois/Montfermeil, David Moreira, avait adressé lundi un communiqué aux communes de son secteur. Il appelait à la « prudence car une certaine psychose commence à s’installer ».
Les « nombreux signalements » reçus par les services de police « sont analysés avec la plus grande précaution », indique une source proche du dossier, insistant sur le fait qu’il n’y avait « pas de cas avéré d’enlèvement de mineurs par des Roms » dans le département.
Dès le 19 novembre, le parquet de Versailles s’était fendu d’un communiqué pour désamorcer les rumeurs d’enlèvement ou de tentatives d’enlèvement aux abords d’établissements scolaires des Yvelines.