Christophe Castaner a estimé, mercredi 27 mars, que la manifestation envisagée sur les Champs-Elysées samedi dans le cadre de l’acte XX des « gilets jaunes » n’était « qu’une provocation à de nouvelles violences ». Aussi « j’ai donné des instructions extrêmement précises au préfet de police pour que la demande de manifestation sur les Champs-Elysées samedi prochain (…) soit interdite », a déclaré le ministre de l’intérieur, entendu par la commission des lois de l’Assemblée avec sa collègue à la justice, Nicole Belloubet.

« Nous devons faire face à des revendications qui ne sont plus des revendications si ce n’est celle de susciter le chaos. La preuve ? La décision qui a été prise dès lundi des manifestants qui étaient sur Paris samedi dernier de revenir sur les Champs-Elysées et de nous demander que la manifestation ait de nouveau lieu sur les Champs-Elysées », a affirmé M. Castaner avant d’annoncer la prochaine interdiction de manifester.

Le ministre a également ironisé sur les solutions susceptibles d’être apportées pour mettre fin aux manifestations. « On sait bien qu’il n’y a pas une réponse qui va permettre de dire à ceux qui manifestent – et je ne parle pas des “gilets jaunes” – : “C’est bon vous avez gagné, rentrez chez vous…” Si ce n’est la décapitation du ministre de l’intérieur en place de Grève [place où avaient lieu les exécutions publiques à Paris], mais je ne suis même pas sûr que ça suffise. »

« Un renforcement de la doctrine »

Christophe Castaner a affirmé que les forces de l’ordre étaient au « début d’un travail long, qui va demander beaucoup d’efforts et de détermination ». « A l’issue de l’échec du 16 mars » marqué par les violences, « le président nous a demandé un renforcement de la doctrine » du maintien de l’ordre, a affirmé le ministre. Le 16 mars, qui représentait le dix-huitième samedi consécutif de manifestation des « gilets jaunes », avait été marqué par de violents heurts et d’importants dégâts matériels sur les Champs-Elysées. Dans la foulée, l’exécutif a décidé de muscler son dispositif.

« Nous n’avions qu’un seul objectif : que le 16 mars ne se reproduise pas, ce fut le cas », s’est-il félicité. « Ce bilan montre que les décisions que nous avons prises vont dans la bonne voie. Cependant, personne et nous les premiers ne pouvons nous en réjouir. » « Je ne veux pas m’en réjouir d’abord parce qu’il y a encore des violences, il y a encore des individus qui se croient au-dessus du droit, au-dessus des lois, qui veulent encore semer le chaos. Je ne peux pas m’en réjouir non plus parce que je sais que ce n’est qu’un début », a-t-il insisté.

Lors de l’acte XIX du mouvement social samedi dernier, le défilé parisien s’est déroulé sans heurts majeurs, mais il y eut des tensions en régions. Selon les derniers chiffres communiqués par M. Castaner mercredi, il y a eu 304 interpellations en France, dont 262 gardes à vue.