Jean Pisani-Ferry, Pascal Brice… Les cibles manquées de LRM et ses alliés pour les européennes
Jean Pisani-Ferry, Pascal Brice… Les cibles manquées de LRM et ses alliés pour les européennes
Par Olivier Faye
Soucieux d’incarner le rassemblement, La République en marche a essuyé le refus de deux personnalités de la société civile.
La liste des refus en dit parfois aussi long que celle des candidats. Selon nos informations, deux personnalités issues de la société civile, reconnues comme des spécialistes dans leurs domaines respectifs, ont décliné la proposition de figurer sur la liste de La République en marche (LRM) et de leurs alliés en vue des élections européennes, le 26 mai.
Il s’agit de Jean Pisani-Ferry et de Pascal Brice. Un économiste et un expert des questions migratoires. Autant de profils censés donner au casting de la majorité une image de professionnalisme sur des sujets qui touchent directement aux compétences européennes.
Présentée mardi 26 mars, la liste menée par l’ancienne ministre des affaires européennes Nathalie Loiseau se veut un rassemblement le plus large possible de candidats proeuropéens, qu’ils soient issus de la droite, de la gauche ou du centre, professionnels ou profanes de la politique. C’est dans cet esprit que ces deux personnalités ont été approchées. Leurs refus sont motivés par des raisons diverses.
Joint par Le Monde, M. Pisani-Ferry ne veut pas confirmer l’information, recoupée auprès de plusieurs sources. « Ce qui compte, ce sont les conclusions, pas les discussions », dit-il. Selon Stanislas Guerini, délégué général de LRM, qui s’était entretenu avec lui à ce sujet, ce refus serait lié au fait qu’il n’a pas été proposé une des premières places de la liste à l’économiste.
« Il ne voulait pas être député européen pour être député européen, souligne M. Guerini. Cela avait du sens s’il était dans les tout premiers candidats. Ça aurait été signifiant par rapport à ce qu’il allait faire au Parlement européen, pour avoir du poids. »
Question de « cohérence politique »
Le patron de LRM jure que l’échange avec lui « n’a pas été conflictuel » et que cette décision ne concerne pas d’éventuels « désaccords de fond ».
M. Pisany-Ferry est connu en Macronie pour avoir contribué à rédiger le volet économique du programme présidentiel d’Emmanuel Macron en 2017. Dans une note au chef de l’Etat révélée par Le Monde, en juin 2018, il plaidait en faveur d’un rééquilibrage social de la politique menée par l’exécutif.
Dans le cas de Pascal Brice, qui ne souhaite pas commenter l’information auprès du Monde, ce refus est une question de « cohérence politique », affirme une source bien informée. Directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) pendant six ans, il n’avait pas été reconduit à son poste en début d’année.
L’homme est connu pour s’être souvent opposé à la ligne dure en matière d’immigration défendue par le pouvoir depuis le début du quinquennat, en particulier quand Gérard Collomb occupait le ministère de l’intérieur. Il a été nommé, mercredi, en conseil des ministres, conseiller maître à la Cour des comptes.
Stéphane Séjourné, directeur de la campagne macroniste, évoque pour sa part « un choix de vie » de la part de M. Brice. « Nous avons construit la liste à partir du projet, explique M. Séjourné. Notre référentiel, c’est la tribune sur l’Europe du président de la République. Ensuite, nous avons choisi de mettre ça en musique avec des profils. »
Certains ont accepté de siéger dans l’orchestre. D’autres non.