Le Kenya veut fermer le camp de réfugiés de Dadaab, le plus grand d’Afrique
Le Kenya veut fermer le camp de réfugiés de Dadaab, le plus grand d’Afrique
Le Monde.fr avec AFP
Situé à l’est du pays, le camp héberge quelque 230 000 personnes, en grande majorité des Somaliens venus se réfugier depuis le début de la guerre civile en 1991.
Le camp de réfugiés de Dadaab, à l’est du Kenya, en avril 2011. / Thomas Mukoya / REUTERS
Le Kenya prévoit de fermer d’ici au mois d’août le camp de réfugiés de Dadaab, le plus grand en Afrique, selon un document interne de l’ONU consulté par l’AFP mardi 26 mars. Selon ce document du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) daté du 28 février, le gouvernement kényan a envoyé le 19 février une note verbale les informant du « projet de fermer le camp de Dadaab dans un délai de six mois ». Cette note demandait au HCR « d’accélérer la réinstallation des réfugiés et des demandeurs d’asile qui y résident ».
Dans le document consulté par l’AFP, le HCR atteste de sa volonté de travailler avec le gouvernement aux retours volontaires dans les pays d’origine et à la réinstallation des réfugiés dans d’autres camps du Kenya ou dans des pays tiers. Situé à l’est du Kenya, le camp de Dadaab héberge quelque 230 000 personnes, en grande majorité des Somaliens venus se réfugier au Kenya depuis le début de la guerre civile en 1991. Beaucoup y vivent depuis cette époque.
Contacté par l’AFP, un travailleur humanitaire de Dadaab a déclaré sous couvert d’anonymat que toutes les organisations internationales travaillant sur place sont au courant du projet de fermeture, sur lequel « le gouvernement fait profil bas ». En mai 2016, le gouvernement kényan avait unilatéralement décidé de fermer le camp, qui comptait alors 320 000 personnes, le désignant comme un terrain d’entraînement pour les Chabab somaliens.
Un risque pour la sécurité du pays
Des dizaines de milliers de réfugiés étaient alors rentrés en Somalie dans le cadre d’un programme de retour au pays. Un retour synonyme pour beaucoup de conditions de vie extrêmes dans ce pays où 5 millions de personnes manquent de nourriture et où les forces armées somaliennes et africaines se battent toujours contre ce groupe islamiste lié à Al-Qaida. Selon Amnesty International, les autorités kényanes avaient alors menacé des réfugiés, leur ordonnant de partir, « ce qui soulevait des questions sur le caractère volontaire de ces retours ».
En février 2017, la Haute Cour de justice kényane avait déclaré la fermeture du camp inconstitutionnelle, arguant qu’elle violait les engagements internationaux du pays et représentait une persécution à l’encontre des réfugiés. La Haute Cour avait également déclaré que les retours forcés au pays violaient la convention de l’ONU de 1951 sur les réfugiés.
Depuis l’envoi de ses troupes en Somalie en 2011, le Kenya a subi plusieurs attaques des Chabab et le gouvernement n’a cessé de présenter Dadaab comme un risque pour la sécurité du pays. Les attaques du centre commercial Westgate à Nairobi, en 2013, puis de l’université de Garissa, en 2015, avaient selon lui été préparées depuis Dadaab, ce qui n’a pas été prouvé.
Ce nouveau projet de fermeture intervient quelques semaines après l’attaque du complexe d’hôtel et de bureaux DusitD2, qui a fait 21 morts le 15 janvier. Au moins 12 suspects ont été arrêtés à Dadaab dans le cadre de l’enquête sur cette attaque.