Un drapeau installé par des militants opposés au Brexit, devant le Parlement britannique, à Londres, le 26 mars 2019. / ALASTAIR GRANT / AP

« Comme tout ce qui concerne le Brexit en ce moment, rien n’est gravé dans le marbre, mais voilà ce qu’on peut prévoir » : à quelques heures d’une série de votes indicatifs au Parlement britannique sur des propositions alternatives à l’accord de Theresa May sur le Brexit, le Guardian souligne la difficulté d’anticiper la teneur des débats prévus dans l’après-midi mercredi 27 mars.

Maintien dans le marché unique, nouveau référendum, voire annulation de la sortie de l’Union Européenne… le président de la Chambre des communes, John Bercow, doit sélectionner parmi les seize propositions des députés celles qui seront examinées et débattues mercredi avant une série de votes prévue à partir de 19 heures à Londres (20 heures à Paris).

Sur les épisodes précédent : Le Parlement prend la main sur le processus

Pour éviter une procédure de vote trop longue, les propositions dans leur ensemble seront rassemblées en un seul passage des députés par les « lobbys », ces pièces dans lesquelles les parlementaires se retirent habituellement pour montrer leur accord – ou leur opposition – aux textes débattus. Ils n’auront qu’à cocher « Aye » (oui) ou « No » (non) sur une liste pour voter. Les propositions qui récolteront le plus de voix devraient être à nouveau soumises aux députés, lundi 1er avril.

L’objectif des parlementaires est de dégager une majorité sur une autre option que le traité de retrait conclu en novembre par Theresa May avec Bruxelles, qu’ils ont déjà rejeté deux fois – en janvier et à la mi-mars – mais que la dirigeante conservatrice entend toujours faire passer. L’échec d’une mobilisation suffisante autour d’une proposition encouragerait, à l’inverse, la première ministre à soumettre de nouveau son accord au vote, le court délai accordé par les Vingt-Sept pour le Brexit – jusqu’au 12 avril prochain – s’approchant à grand pas.

Une impossible majorité conservatrice

Ces votes, dits « indicatifs », ne sont toutefois pas contraignants pour le gouvernement et la première ministre a déjà annoncé qu’elle s’opposerait au choix des députés si celui-ci entrait en contradiction avec les engagements de son parti, favorable à une sortie du marché unique et de l’union douanière européenne.

L’organisation de ces débats a lieu trois jours après un nouvel échec de Theresa May devant la Chambre des communes, les députés – dont 30 de son propre camp – ayant soutenu une motion leur permettant de reprendre la main sur l’emploi du temps du Parlement. Selon un porte-parole du ministère chargé du Brexit, la manœuvre parlementaire constitue un « dangereux précédent » pour « l’équilibre des institutions démocratiques » dans le pays. « Ce n’est pas arrivé depuis plus de cent ans », a précisé à l’Agence France-Presse Robert Hazell, membre du département constitutionnel de l’University College of London.

Mais cette situation n’est que la conséquence de l’absence de majorité absolue des conservateurs au Parlement, a-t-il souligné : parmi les députés qui ont défié leur majorité lundi soir, certains étaient aussi issus des rangs du gouvernement – trois secrétaires d’Etat ont démissionné au cours de la même soirée, portant à près d’une trentaine le nombre de démissions au sein du gouvernement depuis les élections générales de juin 2017.

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