Cameroun : au moins 170 civils tués en six mois dans les régions anglophones, selon HRW
Cameroun : au moins 170 civils tués en six mois dans les régions anglophones, selon HRW
Le Monde.fr avec AFP
Depuis octobre 2018, plus de 220 incidents ont été enregistrés, dénonce l’ONG. Des chiffres probablement sous-évalués.
Au moins 170 civils ont été tués depuis octobre 2018 dans les régions anglophones du Cameroun, en proie à un conflit armé entre des séparatistes et l’armée, selon un rapport de l’organisation Human Right Watch (HRW) publié jeudi 28 mars.
« Les forces du gouvernement dans les régions anglophones du Cameroun ont tué de nombreux civils, faisant un usage aveugle de la force, et brûlé des centaines de maisons ces six derniers mois », accuse l’organisation de défense des droits de l’homme.
Depuis octobre 2018, « au moins 170 civils ont été tués dans plus de 220 incidents enregistrés dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun », écrit HRW, indiquant « que le nombre de civils tués est probablement plus important », au vu de l’intensification des violences et de la difficulté à collecter l’information dans ces zones.
HRW ne dit cependant pas explicitement que les forces gouvernementales sont responsables de la mort de la totalité des 170 civils.
Dans une lettre adressée à HRW, le gouvernement camerounais a affirmé ne pas reconnaître « les exactions » de l’armée décrites dans ce rapport, ajoute l’organisation dans son communiqué.
Le rapport indique, en outre, que « 31 membres de forces de sécurité ont été tués dans des opérations entre octobre 2018 et février 2019 ».
« Plus de violence »
Les séparatistes militent pour la création d’un Etat indépendant dans les régions Nord-Ouest et le Sud-Ouest, anglophones, alors que le pays reste du pays est à majorité francophone.
Fin 2017, après un an de protestations et de grèves contre le manque de prise en compte par Yaoundé de leurs spécificités anglophones, la crise s’est durcie et des séparatistes ont pris les armes contre le pouvoir central camerounais. Depuis, ces deux régions sont le théâtre d’un violent conflit armé.
Des combats opposent régulièrement l’armée, déployée en nombre, à des groupes épars de séparatistes armés cachés dans la forêt équatoriale.
« Les autorités camerounaises ont l’obligation de répondre [à la crise] de façon légale et de protéger les droits des populations dans ces moments de violence, selon le directeur Afrique centrale de HRW, Lewis Mudge. La réponse brutale du gouvernement ciblant des civils est contre-productive et risque de provoquer plus de violence. »
Dans son rapport, l’organisation déplore également une augmentation du nombre de kidnappings dans ces régions. Les séparatistes multiplient les enlèvements de responsables, de militaires et policiers, ainsi que des civils pour maintenir la pression sur le régime de Yaoundé, mais aussi pour exiger des rançons permettant aux groupes armés de se financer en partie.
Ce conflit, qui n’a cessé de prendre de l’ampleur, a déjà forcé, selon l’ONU, plus de 437 000 personnes de ces régions à fuir leur domicile, notamment au Nigeria voisin.