Slovaquie : Zuzana Caputova favorite pour le second tour de la présidentielle
Slovaquie : Zuzana Caputova favorite pour le second tour de la présidentielle
Le Monde.fr avec AFP
Novice en politique, elle pourrait devenir la première femme présidente de ce pays, selon les sondages qui la créditent à plus de 60 % des intentions de vote.
Les Slovaques sont appelés à voter, samedi 30 mars, au second tour de l’élection présidentielle, dont la grande favorite est une avocate partie en guerre contre la corruption dans un pays marqué par le meurtre, l’an dernier, d’un journaliste d’investigation.
Avocate spécialiste de l’environnement, sans expérience politique, Zuzana Caputova, 45 ans, pourrait devenir la première femme présidente de ce pays membre de la zone euro, selon les sondages qui lui donnent plus de 60 % d’intentions de vote face au candidat soutenu par le pouvoir, le commissaire européen à l’énergie Maros Sefcovic, 52 ans.
Au premier tour, Mme Caputova, descendue dans l’arène sous le mot d’ordre « Luttons contre le mal », a obtenu 40,53 % de voix contre 18,66 % pour son adversaire. « Les gens sont prêts pour le changement », a-t-elle déclaré à l’Agence France-Presse (AFP).
La juriste, à l’époque une vice-présidente du parti Slovaquie progressiste – qu’elle a quitté depuis –, était parmi les milliers de manifestants descendus dans les rues l’an dernier, choqués par l’assassinat par balles du journaliste Jan Kuciak et de sa fiancée.
Les députés européens préoccupés
Le journaliste s’apprêtait à publier un article sur les liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne. Les manifestations, d’une ampleur inédite, ont mis à mal le gouvernement du parti SMER-SD (centre gauche) au pouvoir. Elles ont entraîné la démission du premier ministre Robert Fico, qui reste cependant chef de SMER-SD et proche allié du premier ministre actuel. Jusqu’à présent, cinq personnes ont été interpellées dans l’affaire du meurtre, dont son commanditaire présumé – un multimillionnaire qui entretiendrait des liens avec SMER-SD.
Jeudi, le Parlement européen a appelé la Slovaquie à poursuivre l’enquête « y compris sur toutes les connexions politiques possibles ». Les députés européens se sont aussi déclarés « préoccupés par les présomptions de corruption, de conflits d’intérêts, d’impunité et de [système de] portes tournantes dans les cercles du pouvoir slovaque ».
Lundi, la candidate libérale a reçu le soutien de Jozef Kuciak, frère du journaliste assassiné. « Je voterai certainement pour Mme Caputova. Je ne voterai pas pour une personne soutenue par des oligarques et leurs gens qui m’ont privé de mon frère et de ma belle-sœur », a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Comparée à Emmanuel Macron
Les analystes comparent Mme Caputova au président français Emmanuel Macron, un autre outsider qui a accédé au pouvoir en 2017 avec un programme réformiste. « Une histoire similaire s’est déroulée lors des dernières élections présidentielles en France, où le représentant d’une nouvelle tendance politique et un nouveau mouvement politique ont triomphé », a déclaré à l’AFP Aneta Vilagi, professeure en sciences politiques à l’université de Bratislava.
Les promesses électorales de la candidate libérale incluent la protection de l’environnement, le soutien aux personnes âgées et la justice pour tous. « J’ai l’intention d’initier activement des changements systémiques qui priveraient les procureurs et la police de toute influence politique », a déclaré à l’AFP Mme Caputova.
M. Sefcovic a pour sa part promis des avantages sociaux plus importants pour les personnes âgées et les jeunes familles, le renforcement de la politique industrielle et une revitalisation du secteur agricole du pays.
Les deux candidats à la présidence slovaque sont démocrates et ouvertement pro-européens, ce dont s’est félicité le chef de l’Etat sortant, Andrej Kiska. « Croyez-moi, beaucoup de pays nous l’envient », a-t-il dit mercredi. M. Kiska a soutenu ouvertement Mme Caputova, alors que le premier ministre Peter Pellegrini a exprimé son soutien à M. Sefcovic en appelant à choisir « un président expérimenté ».