Alors que des milliers d’opposants descendaient de nouveau dans les rues de Lomé, mercredi 29 novembre, Emmanuel Macron a souhaité que « le peuple togolais puisse s’exprimer librement ». Une réflexion qui sonne comme une critique à peine voilée de la façon dont le président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, gère la crise politique qu’il affronte depuis plus de trois mois et qui a déjà coûté la vie à une dizaine de personnes.

Interrogé par RFI et France 24 en marge du forum Afrique-Union européenne d’Abidjan, le président français a également exprimé le souhait « que le cadre du pluralisme soit respecté, que les oppositions puissent faire valoir leurs arguments ». « Il est important que, dans ce pays comme dans quelques autres, a-t-il ajouté, il puisse y avoir un cadre électoral dans lequel les oppositions puissent s’exprimer et aller devant les urnes et un processus électoral qui doit faire l’objet d’un contrôle pour s’assurer de sa sincérité ».

Aucune rencontre bilatérale franco-togolaise n’était programmée à Abidjan, mais Franck Paris, l’un des porte-parole de l’Elysée, a assuré la semaine dernière que « le Togo serait un sujet important des entretiens [d’Emmanuel Macron] sur place ». Le président a d’ailleurs souligné les efforts du chef de l’Etat guinéen Alpha Condé – et président en exercice de l’Union africaine – pour engager le dialogue entre les différentes parties. Des tractations sont en cours également avec le président ghanéen Nana Akufo-Addo, qu’Emmanuel Macron devait rencontrer jeudi à Accra, lors de la dernière étape de sa tournée africaine.

Faure Gnassingbé a succédé à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé sans partage le pays pendant trente-huit ans. Ce demi-siècle de pouvoir familial catalyse le mécontentement d’une partie grandissante des Togolais. Et l’agacement de Paris. « La conservation longue du pouvoir sans processus électoraux, sans cadre de pluralisme n’est pas une bonne chose », a rappelé le président Macron.

Mercredi, Lomé était d’ailleurs le théâtre de nouvelles manifestations. « La mobilisation va se poursuivre. Nous n’allons pas abandonner la lutte », a promis Jean-Pierre Fabre, leader de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et opposant historique, en tête du cortège.

Une coalition de 14 partis d’opposition organise des manifestations quasi hebdomadaires depuis le début du mois de septembre pour demander une limitation rétroactive du mandat présidentiel et la démission du président Gnassingbé. La semaine dernière, ce dernier avait fait savoir qu’un dialogue avec l’opposition devrait avoir lieu « d’ici à quelques semaines ». D’autres marches étaient prévues jeudi et samedi dans tout le pays.