France 5, dimanche 31 mars à 20 h 50, documentaire

Enseignée dans L’Art de la guerre, du Chinois Sun Tzu (VIe siècle avant notre ère), la désinformation ne date pas d’hier. Baptisés « fake news » depuis la campagne présidentielle opposant Donald Trump à Hillary Clinton, ces mensonges bénéficient de l’effet démultiplicateur des réseaux sociaux. Un virage technologique que les manipulateurs d’opinion ont su négocier, par appât du gain ou du pouvoir, comme le prouve la série « La Fabrique du mensonge », qui décortique en six documentaires autant de campagnes à l’efficacité redoutable. Les trois premiers sont diffusés dimanche, dans le cadre d’une soirée spéciale.

Politique et santé

La campagne de désinformation orchestrée par les partisans du Brexit (voté le 23 juin 2016) ouvre le bal. Ici, une seule « fake news » suffira : « Sortir de l’Union permettrait au Royaume-Uni d’économiser les 350 millions de livres qui sont envoyés chaque semaine à Bruxelles », relayée avec brio par Dominic Cummings, héros du récent téléfilm de Toby Haynes, Brexit.

La deuxième enquête aborde l’influence supposée de médias russes lors de la présidentielle française de 2017 et les campagnes de dénigrement dont Emmanuel Macron a été la cible : inédites par leur relais sur le Web, comme en témoigne Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat chargé du numérique de mai 2017 à mars 2019 ; mais aussi par les ripostes à découvert du candidat –

« Si quelqu’un vous dit que j’ai une relation extraconjugale avec Mathieu Gallet [président de Radio France de 2014 à 2018], ne les croyez pas. »

A côté de la politique, la santé est l’autre terrain propice à la désinformation. Le cas du vaccin contre la rougeole est peut-être le plus inquiétant de la soirée. A l’origine, un mensonge, lancé en 1997, alors que la rougeole est « éliminée » de France, par un médecin britannique au physique avenant, Andrew Wakefield. Il affirme que le ROR (vaccin rougeole-oreillons-rubéole) peut provoquer des cas d’autisme. Vingt ans de démentis scientifiques n’y changeront rien.

Trois adolescents sont morts de la rougeole en France en 2018. Cette année, la première victime est décédée le 13 mars, à 16 ans. « Un bruit public n’est pas tout à fait sans fondement », prétendaient déjà, à tort, les Romains.

« Brexit : référendum, mensonges et réseaux sociaux » ; « Présidentielle : l’ombre russe ? » ; « Vaccins : les rumeurs ne meurent jamais », écrits par Félix Suffert Lopez et Arnaud Lievin et réalisés par Arnaud Lievin (Fr., 2019, 3 × 26 min). www.france.tv/france-5/la-fabrique-du-mensonge