« Je voulais éprouver le fait d’être étrangère quelque part »
« Je voulais éprouver le fait d’être étrangère quelque part »
Par Isabelle Maradan (Propos recueillis par)
Anne Letort, 36 ans, professeure des écoles en Seine-Saint-Denis, enseigne cette année dans une école primaire en Allemagne.
Anne Tetort. / Anne Letort DR
« Depuis la rentrée 2018, je suis enseignante à Weil am Rhein, dans le Bade-Wurtemberg. C’est près de la Forêt-Noire, où je vais skier. Je devais y rester jusqu’à l’été, mais j’ai demandé un an de plus. Au-delà de l’expérience professionnelle, de la découverte d’un autre système éducatif, je voulais éprouver le fait d’être étrangère quelque part. J’ai beaucoup voyagé, mais je n’avais jamais été expatriée. Partir n’est pas simple. Il y a peu d’information sur ces échanges. Je suis passée par l’Office franco-allemand pour la jeunesse, dont j’ai eu connaissance par une amie. J’enseigne le français, pour une vingtaine d’heures par semaine, et le sport, car j’ai fait Staps. En Allemagne, à l’école primaire, les enseignants se succèdent dans la classe. Lorsqu’on change de classe, et quand les parents quittent leurs enfants le matin, on se dit “viel Spass”, ce qui signifie “amuse-toi bien”. Ici, le directeur ou la directrice est le supérieur hiérarchique des enseignants. L’élève est un partenaire, impliqué dans l’école, qui donne son avis, argumente, vote les sorties. L’apprentissage passe beaucoup par le jeu. Pour participer à ce genre d’échange, il n’est pas obligatoire de parler allemand, mais cela facilite les relations avec les collègues et les parents. En mai, la promotion précédente donne des conseils à ceux qui vont partir. En août, Français et Allemands se retrouvent pour un stage de pédagogie et des cours de la langue du pays d’accueil. On a aussi un bilan à mi-parcours et un autre à la fin, avec nos successeurs. Avec ce système, on reçoit et on donne. »