Thierry Météyé dit ne pas comprendre ce qui se passe. C’est par la presse, affirme-t-il, qu’il a appris l’existence d’une plainte adressée, il y a quelques jours, au parquet de Paris, à la suite de soupçons de malversations au sein de l’Assurance de garantie des salaires (AGS). Une structure qu’il a dirigée de 1996 à fin 2018. Administrée par des représentants d’organisations d’employeurs, elle joue un rôle essentiel : verser leur rémunération aux personnels d’entreprises en difficultés.

De graves anomalies se seraient produites dans le fonctionnement de l’AGS. Mises au jour par un audit du cabinet EY, elles sont susceptibles de relever « de l’abus de confiance et de la corruption active ou passive », selon le Medef, qui a donc annoncé, le 25 mars, avoir saisi le procureur de la République. La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) ainsi que l’association patronale qui coiffe l’AGS sont associées à cette démarche.

« Je suis stupéfait », confie M. Météyé, heurté que des questions puissent être posées sur son éventuelle responsabilité dans cette affaire. Il assure avoir exercé la « mission sociale » qui était la sienne avec « rigueur, loyauté et transparence ». Il s’étonne par ailleurs de ne pas avoir été auditionné par l’équipe d’EY qui a réalisé l’audit. Il fait aussi valoir que la Cour des comptes, lors du contrôle qu’elle a réalisée en 2018 sur l’AGS, n’a rien trouvé à redire : « La rapporteuse nous a dit, lors d’un compte-rendu oral, que l’activité est bien maîtrisée et bien évaluée. » Dès lors, il envisage de déposer une plainte pour dénonciation calomnieuse.

« Faits organisés »

Bientôt âgé de 72 ans, M. Météyé est à la retraite depuis le 1er janvier. Il avait, quelques semaines plus tôt, quitté la tête de la « Délégation Unédic AGS », un établissement rattaché – comme son nom le sous-entend – à l’association paritaire qui gouverne l’assurance-chômage. La Délégation s’occupe de la gestion technique et financière du système de garantie des salaires – communément désigné sous l’acronyme AGS. Elle est désormais dirigée par Houria Aouimeur.

L’Unédic, de son côté, a indiqué, le 26 mars, par la voix de sa présidente, Patricia Ferrand (CFDT), qu’elle allait, elle aussi, déposer une plainte, pour les mêmes faits que ceux dénoncés par le Medef, la CPME et l’association patronale qui pilote l’AGS. La responsable cédétiste a confirmé que les éléments litigieux avaient été découverts à la faveur d’un audit d’EY récemment lancé par « l’Unédic et l’AGS ».

Susceptibles de constituer des « infractions pénales », ces « dysfonctionnements » concernent « essentiellement des partenariats engagés par la DUA [Délégation Unédic AGS] », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle ne pouvait pas livrer plus de détails. « On parle de faits qui ont été suffisamment organisés pour échapper à des organismes de contrôle [la Cour des comptes et les commissaires aux comptes] », a complété Eric Le Jaouen, vice-président (Medef) de l’Unédic, en concluant : « Ce n’était pas dans les radars. »