A Grenoble, une filiale de Lactalis condamnée pour avoir rejeté ses déchets dans l’Isère
A Grenoble, une filiale de Lactalis condamnée pour avoir rejeté ses déchets dans l’Isère
Le Monde.fr avec AFP
L’Etoile du Vercors, rachetée en 2011 par Lactalis, rejette ses effluents dans la rivière qu’elle surplombe depuis sa création, il y a soixante-quinze ans.
Soupçonnée de rejeter ses eaux usées industrielles, non traitées, directement dans l’Isère, une fromagerie appartenant au groupe Lactalis a été condamnée lundi 8 avril par le tribunal correctionnel de Grenoble à 100 000 euros d’amende, dont 50 000 euros avec sursis. L’Etoile du Vercors a également été condamnée à verser 5 000 euros d’amende pour « exploitation d’une installation classée sans respecter les mesures prescrites par arrêté pour la protection de l’environnement ». Lors de l’audience pénale, le 12 novembre, le parquet avait regretté le « sentiment d’impunité » du groupe agroalimentaire et requis une amende maximale, soit 500 000 euros, ainsi que l’arrêt des opérations de rejet.
Pour les associations qui ont lancé en 2017 ces poursuites contre l’entreprise installée à Saint-Just-de-Claix et sa direction, c’est « une victoire en demi-teinte ». « La condamnation pénale est faible. Elle incite les industriels à aller devant le juge plutôt qu’à régulariser leur situation. C’est une victoire économique pour L’Etoile du Vercors », regrette Elodia Bonel, juriste pour la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature). Par ailleurs, le directeur de la fromagerie et son prédécesseur ont été relaxés par le tribunal correctionnel, mais celle-ci a été condamnée a verser 55 000 euros aux associations qui s’étaient constituées parties civiles.
200 tonnes de produits chimiques par an
Depuis la création de l’entreprise, il y a soixante-quinze ans, L’Etoile du Vercors, rachetée en 2011 par Lactalis, rejette ses effluents dans la rivière qu’elle surplombe. Or, en soixante-quinze ans, l’enseigne a bien grandi et ses rejets correspondent désormais aux eaux usées d’une ville de 8 000 à 15 000 habitants – selon son niveau d’activité –, contenant des résidus lactés, mais aussi des produits de nettoyage des cuves, soit plus de 200 tonnes de produits chimiques par an, selon France Nature Environnement.
« Il y a des impacts sur les milieux aquatiques, explique au Monde Jacques Pulou, de la Frapna. D’autant plus qu’il y a à cet endroit une retenue EDF rendant difficile la “digestion” de ces rejets. » Depuis 2014, L’Etoile du Vercors souhaitait faire construire sa propre station d’épuration au grand dam de Joël O’Baton, le maire de Saint-Just-de-Claix, qui se battait de son côté pour son raccordement à la station d’épuration de la communauté de communes. Début avril, l’élu a finalement autorisé le groupe à mener les travaux et signé le permis de construire, expliquant avoir cédé face à la « pression des services de l’Etat ».