Mouvement de grève à la rédaction numérique d’Europe 1
Mouvement de grève à la rédaction numérique d’Europe 1
Par Alexandre Berteau, François Bougon
Les salariés du site de la radio du groupe Lagardère dénoncent la précarité et le flou de la direction sur les projets numériques.
Dans les locaux d’Euope 1, le 20 décembre 2018. La radio est déficitaire et soumise à un plan d’économies. / THOMAS SAMSON / AFP
A 5 heures, mardi 9 avril, une partie des salariés de la rédaction numérique d’Europe 1 n’a pas allumé ses ordinateurs, mais a collé sur ses écrans sept feuilles blanches pour écrire « En grève ». La décision de cesser le travail pendant 24 heures, mûrie durant le week-end, est soutenue par l’intersyndicale SNJ-CGT-CFTC.
#GreveE1fr : la rédaction numérique lutte contre la #précarité à @Europe1 https://t.co/Y4l7YJevpy
— MartheRonteix (@Marthe Ronteix)
A l’origine de ce mouvement, le statut précaire d’une large partie de la rédaction numérique, un état de fait dénoncé de longue date par les équipes, qui réclament une titularisation des pigistes. Sur 30 journalistes, 14 sont employés sous ces contrats journaliers, ces rédacteurs travaillant « pour la grande majorité à temps plein depuis trois ans », déplore une gréviste, elle-même dans ce cas. Dans un communiqué, l’intersyndicale souligne qu’« ils remplissent les tableaux de service du 1er janvier au 31 décembre, sont à leur poste chaque jour de 5 heures à 23 heures, assurent une veille constante de l’actualité, enrichissent le traitement de l’info sur l’antenne par leurs analyses et leurs dossiers ».
La réorganisation future de la rédaction numérique inquiète également, alors que la radio est déficitaire et soumise à un plan d’économies. Ce projet a été annoncé par la direction de la station, le 23 janvier, mais il n’a toujours pas été présenté. Cela fait craindre aux journalistes une « contraction » de leurs effectifs pour permettre à Europe 1, dont les audiences ne cessent de reculer depuis près de trois ans, de réduire sa masse salariale.
La direction doit apporter des réponses
Malgré les nombreux éclaircissements demandés par la rédaction, le flou persiste. « Ce plan devait être présenté en détail fin février, mais on n’en sait toujours pas plus, explique un pigiste. L’ambiance est pesante, on ne sait pas de quoi notre avenir sera fait. » Le contenu éditorial suscite les interrogations. « Est-ce qu’on sera une simple vitrine de la radio ou un vrai site d’information », s’interroge un journaliste. Dans un communiqué, l’intersyndicale a demandé « à la direction d’apporter au plus vite la réponse que les [salariés indûment employés en contrats précaires] attendent, aussi bien sur la requalification de leurs contrats que sur la clarification de la stratégie numérique de l’entreprise ». « C’est un combat que nous menons depuis des années », souligne Olivier Samain, délégué du Syndicat national des journalistes (SNJ) à Europe 1.
Contactée, la direction n’a pas souhaité s’exprimer. En novembre 2018, dans une interview au Monde, le vice-PDG d’Europe 1, Laurent Guimier, avait expliqué vouloir engager la radio dans un nouveau modèle prenant en compte à la fois l’antenne traditionnelle, dite « linéaire », mais aussi les enceintes connectées et les podcasts avec l’ambition de devenir le « numéro un de la production audio pour le numérique ».
En 2017, le patron d’Europe 1 de l’époque, Denis Olivennes, interpellé par les représentants syndicaux, avait lancé une vague de titularisations, portant d’abord sur 22 salariés, puis ensuite sur 30. Mais, souligne M. Samain, « il y a des endroits de l’entreprise, comme la rédaction numérique, où ce courant de CDIsation n’est pas passé ».