Le patron et fondateur de Parrot, Henri Seydoux, le 11 octobre 2018. / ERIC PIERMONT / AFP

Malgré la cuisante désillusion qu’aura représenté l’échec de son dernier modèle destiné au grand public, Parrot continue de croire aux drones. La société fondée par Henri Seydoux, qui a connu l’an passé des pertes (111 millions d’euros) égales au montant de son chiffre d’affaires (109 millions), a présenté le 15 avril une offre tout-en-un destinée aux usages professionnels, une activité encore en devenir mais génératrice de marges importantes. Basée sur l’Anafi – qui, lancé il y a neuf mois s’est vendu trois fois moins que prévu compte tenu de l’effondrement du marché des drones de loisir – cette solution destinée à l’imagerie thermique doit contribuer à faire redécoller la pépite de la French Tech.

Conçu pour réaliser des relevés photographiques et infrarouges, Anafi Thermal est léger et facile à utiliser. Commercialisé début mai au prix de 1 900 euros (hors taxes), il vise les PME comme les grandes entreprises du bâtiment (architectes, couvreurs, responsables de chantier) mais aussi les gestionnaires d’installations (panneaux solaires, lignes à haute tension) ainsi que les pompiers, la sécurité civile ou les forces armées.

Attendue dans les prochains mois, la nouvelle réglementation européenne va supprimer les démarches administratives nécessaires pour recourir à des drones légers dans le cadre d’usages professionnels dès lors que l’intervention se situe hors de zones densément peuplées, de sites sensibles ou d’aéroports. Cette disposition devrait favoriser l’émergence d’une clientèle de PME ou d’artisans tels que les couvreurs ou les spécialistes de l’isolation thermique des logements.

Parrot, n’a pas voulu fournir d’indications sur le chiffre d’affaires attendu de cette nouvelle offre qui vise à vendre un drone mais aussi, pour les applications les plus sophistiquées, un logiciel de traitement de données réalisé par sa filiale Pix4D. « Sur le marché de la high-tech, les turbulences peuvent être brusques et de grande ampleur, comme l’a montré l’éclatement de la bulle du drone de loisir ; il est donc très difficile d’avancer des prévisions fiables », se justifie Henri Seydoux. « En revanche, ajoute-il, ma certitude est que le drone est là pour durer : il s’agit d’un succès essentiel de l’industrie robotique naissante et nous devons tracer notre avenir dans cette voie ».

Offre publique d’achat

Parrot estime que les applications professionnelles représentent désormais plus de la moitié de son chiffre d’affaires et constituent des activités plus pérennes que le secteur des loisirs, dominé par les marques chinoises confrontées elles aussi au brusque retournement des ventes constaté l’an passé. « Nous n’avons pas encore fait le plus dur », insiste le président de ce groupe qui dispose d’une trésorerie de 160 millions d’euros et compte n’en « brûler » que 60 millions en 2019.

Décidé à garder le contrôle de Parrot, numéro un européen des drones, et à la « mettre à l’abri » des prédateurs, Henri Seydoux vient de mener à bien une offre publique d’achat via sa holding familiale Horizon. Celle-ci lui a permis de voir sa participation passer de 36,1 % à 57,26 % du capital. Le fondateur de Parrot, en 1994, admet que le temps est compté. Selon lui, l’entreprise dispose de deux ans tout au plus pour se remettre en ordre de marche.