Mort de Kazuo Koike, orfèvre du manga gekiga
Mort de Kazuo Koike, orfèvre du manga gekiga
L’auteur de « Lady Snowblood » et « Crying Freeman » s’est éteint le 17 avril à l’âge de 82 ans.
Le registre du manga gekiga – registre dramatique pour adultes – perd un de ses plus grands orfèvres. Le scénariste de BD japonais Kazuo Koike s’est éteint, mercredi 17 avril, à 82 ans. Ses proches ont annoncé sa disparition via le compte Twitter de l’auteur ce vendredi 19 avril, expliquant qu’il séjournait depuis plusieurs jours à l’hôpital en raison d’une pneumonie.
Alerte dernière minute !C’est avec une immense tristesse que nous avons appris ce jour, le décès de Kazuo Koike â… https://t.co/dCeoyFWY1X
— EditionsKana (@Editions Kana)
Triste coïncidence, quelques heures avant sa mort, M. Koike rendait hommage sur Twitter à un ancien rival, Kazuhiko Kato dit « Monkey Punch » qui a succombé mi-avril lui aussi à une pneumonie.
Quarante ans plus tôt, les deux auteurs ont contribué aux belles heures du magazine Weekly Manga Action. Monkey Punch en y dessinant son célèbre Lupin III (commercialisé plus tard en France sous le nom Edgar, le détective cambrioleur) et Kazuo Koike avec l’un de ses premiers scénarios, aujourd’hui parmi les plus acclamés, celui de Lone Wolf and Cub. Cette chronique sociale à l’ère d’Edo dessinée par Goseki Kojima met au centre de l’histoire la vie d’Ogami Itto, l’exécuteur du shogun.
« Crying Freeman »
Né en 1936, dans la préfecture d’Akita au Japon, Kazuo Koike débute sa carrière en 1968 comme assistant pour le manga Golgo 13. Après le succès rencontré par Lone Wolf and Cub, il renouvellera sa collaboration avec le dessinateur Goseki Kojima sur Samurai Executioner mais formera également de nombreux duos, dont les fruits sont injouables pour les amateurs de manga dramatique.
En 1972, il met sa plume au service du génial Kazuo Kamimura pour raconter, dans Lady Snowblood, le destin de Yuki. Cette tueuse à gages mise au monde par sa mère dans le seul but d’assouvir une vengeance et élevée, après la mort en couches de celle-ci, par un maître du sabre. Aussi redoutable et puissante que belle, c’est elle qui inspirera à Quentin Tarantino le personnage d’O-Ren Ishii dans Kill Bill.
Mais, à l’étranger, c’est sans nul doute Crying Freeman, élaboré à compter de 1986 avec Ryoichi Ikegami qui le rend célèbre. L’histoire d’un potier japonais forcé à devenir un redoutable tueur pour la mafia chinoise. Dix ans plus tard, il fut adapté au cinéma par Christophe Gans dans une version éponyme portée par l’acteur Mark Dacascos. Le film ne parviendra pas, cependant, à rendre justice à la finesse et la noirceur du matériau d’origine.
Nombre de ses œuvres inspirent également des films au Japon, sur lesquels il a été d’ailleurs parfois amené à travailler. Plus qu’un grand tisseur d’histoires, Kazuo Koike fut un professeur émérite. Outre des fonctions d’enseignant en art littéraire à l’université d’Osaka dans les années 2000, le scénariste a fondé l’école de manga Gekigason-Juku. Une maison prestigieuse qui a compté parmi ses élèves, la mangaka Rumiko Takahashi, récompensée en janvier dernier du grand prix au Festival de la bande dessinée à Angoulême mais aussi Tetsuo Hara, auteur de Ken le survivant.