Ouverture d’une information judiciaire après cinq intoxications mortelles dans un Ehpad
Ouverture d’une information judiciaire après cinq intoxications mortelles dans un Ehpad
Le Monde.fr avec AFP
Fin mars, cinq résidents de la maison de retraite de Lherm, près de Toulouse, avaient été pris de malaises, de vomissements et de diarrhées après le repas, avant de mourir.
A l’entrée de l’Ehpad La Chêneraie, à Lherm (Haute-Garonne), le 31 mars. / ERIC CABANIS / AFP
Le parquet de Toulouse a ouvert une information judiciaire, notamment pour « homicides involontaires aggravés », après la mort fin mars de cinq résidents d’une maison de retraite à Lherm, près de Toulouse, a-t-il fait savoir vendredi 19 avril.
« Le 17 avril 2019, le parquet de Toulouse a requis l’ouverture d’une information judiciaire contre personnes non dénommées en l’état des chefs d’homicides involontaires aggravés, de blessures involontaires aggravées, de mise en danger d’autrui et de mise sur le marché de denrée préjudiciable à la santé humaine », a précisé le parquet dans un communiqué, ajoutant que le dossier avait été confié à deux magistrats instructeurs.
17 plaintes déposées
Dans la soirée du 31 mars, quatre femmes âgées de 72 à 95 ans, ainsi qu’un homme de 93 ans, pensionnaires de l’Ehpad privé La Chêneraie, à Lherm, avaient été pris de malaises, de vomissements et de diarrhées après le repas, avant de mourir.
« Les premières conclusions des investigations et les résultats des analyses biologiques réalisées sur les repas servis au sein de l’établissement au cours du week-end des 30 et 31 mars 2019 » semblent confirmer « l’hypothèse de l’intoxication alimentaire à l’origine de cinq décès », a précisé dans son communiqué le procureur de la République, Dominique Alzéari.
Au total, vingt-six personnes ont été victimes de cette intoxication alimentaire. Dix-sept plaintes ont été déposées par « les membres de huit familles des victimes », a précisé M. Alzéari.
Ouverte en 2006, la Chêneraie hébergeait quatre-vingt-deux résidents, dont dix-sept atteints de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées. Dans cet établissement, « les repas sont préparés sur place à partir d’ingrédients livrés par la Sodexo », un groupe français de services aux entreprises et aux collectivités, avait déclaré le procureur lors d’un point de presse début avril.
Bénéfice de 123 millions d’euros
Selon Korian, le champion européen des maisons de retraite qui gère l’établissement de Lherm, la mort de ces cinq résidents n’est pas seulement une tragédie humaine, il pourrait également se transformer en accident industriel, selon les résultats de l’enquête diligentée.
En 2017, l’émission de France 3 « Pièces à conviction » avait étrillé la société, montrant comment elle limitait ses coûts, quitte à restreindre l’usage des couches pour les résidents. Des réductions de coûts qui ne passent pas, dans un contexte où Korian, qui affiche une image haut de gamme, se porte très bien financièrement. Mi-mars, l’entreprise a présenté un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros, en augmentation de 6,4 %, pour un bénéfice de 123 millions d’euros.