Arte, dimanche 28 avril à 17 h 35, documentaire

Les clichés de genre ont la vie dure : les femmes sont du côté de l’émotion, les hommes du côté de la force. La guerre serait donc une affaire d’hommes et la paix celle des femmes ? Prenant appui sur une exposition intitulée « Violence et genre. Guerre masculine, paix féminine », qui s’est tenue en 2018 au Musée d’histoire militaire de Dresde, ce documentaire démonte les clichés toujours en vogue. Et confirme, si besoin était, que les femmes peuvent être cruelles et violentes, les hommes fragiles, et que la guerre, comme l’explique l’artiste norvégien Morten Traavik, « fascine les hommes comme les femmes ». Les explications de l’historienne d’art Gabriele Werner, de la journaliste Lauren Bastide et de l’historien militaire Gorch Pieken permettent d’éclairer ces problématiques.

A travers les œuvres parfois dérangeantes de quatre artistes contemporains (le Norvégien Morten Traavik, la photographe allemande d’origine roumaine Loredana Nemes, la plasticienne islandaise Steinunn Thorarinsdottir et la Berlinoise Birgit Dieker), on entre au cœur de ces représentations de guerres et de sexes. Traavik, qui avait fait scandale en 2010 en plaçant devant l’Opéra d’Oslo deux grands chars de combat peints en blanc pour protester contre l’usage de la force, a recouvert, devant le Musée d’histoire militaire de Dresde, un grand missile de l’OTAN d’un immense préservatif. D’après lui, violence et normalité sont très proches. « La différence entre un fou et une personne dite normale, c’est que cette dernière sait dissimuler ses pulsions ! »

Une autre image de la masculinité

Les magnifiques clichés en noir et blanc de Loredana Nemes donnent une autre image de la masculinité. Ses photos d’hommes en costume ou celles prises à l’extérieur de bars fréquentés par une clientèle musulmane exclusivement masculine cherchent la fragilité derrière l’apparence virile. De fait, ses photos abolissent le statut social masculin.

Les grandes statues de métal sans sexe montées par l’Islandaise Steinunn Thorarinsdottir sur le toit du musée saxon se réduisent à ce qui fait l’être humain. « C’est un pont entre l’ancien et le nouveau dans une situation désespérée », explique l’artiste, alors que Birgit Dieker a choisi des formes plus agressives, avec sa bombe construite à partir de morceaux représentant des corps de femmes. Ou ses deux paires de gants de boxe qui pendent. « Ce sont des organes génitaux masculins et féminins. Ils sont doux, c’est la bataille de l’amour… »

Guerre et paix. La bataille des sexes dans l’art, réalisé par Caterina Woj (All., 2018, 55 min). www.arte.tv