« Planète hostile » : la faune en mode « survie »
« Planète hostile » : la faune en mode « survie »
Par Catherine Pacary
Une nouvelle série documentaire montre des images sublimes mais terrifiantes d’animaux vivant dans des conditions de plus en plus extrêmes.
Hostile la planète ? Certes, mais également cruelle, atroce, violente, sanguinaire et anxiogène, a-t-on envie d’ajouter après avoir regardé deux des six épisodes de la série Planète hostile, que la chaîne National Geographic diffuse à partir de dimanche 28 avril. Un parti pris qui positionne ces documentaires animaliers hors des canons habituels du genre – la nature est belle. L’idée ici n’est en effet pas de montrer des animaux « trop mignons » mais ceux capables de survivre dans les régions du monde où les conditions de vie, déjà les plus extrêmes, sont aggravées par le réchauffement climatique. Pour les filmer, 245 professionnels de l’image ont parcouru le monde et rapporté 82 tournages sur 1 300 jours. Leur travail a ensuite été séquencé par biotopes : les sommets, l’océan, les prairies, la jungle, les déserts et les pôles.
Ames sensibles et jeunes enfants s’abstenir. « Sur les cimes », le premier opus, s’ouvre sur un magnifique léopard des neiges au pelage dense et duveteux. Il est affamé. Le troupeau de bharals qui pointe « est peut-être sa dernière chance », prévient la voix off. Le félin s’élance, se jette sur le ruminant… trop prêt de la corniche himalayenne. Ils tombent. Les images, exceptionnelles de la chute des deux animaux mêlés, n’en finissent plus. Les deux corps se heurtent aux rochers, rebondissent…
Générique. En introduction, l’Anglais Bear Grylls, producteur délégué et adepte du survivalisme – il s’est fait connaître en animant l’émission télévisée « Seul face à la nature » à partir de 2006 – insiste sur les facultés d’adaptation de l’animal face au péril climatique. Le message prend des accents prosélytes. Au Groenland, « plus les cycles saisonniers seront irréguliers, moins [les oiseaux] seront nombreux à survivre ». Dans l’Himalaya, la température augmente d’un degré par décennie. « Mauvaise nouvelle pour le léopard des neiges », assène le commentaire, qui reformule : « Le léopard des neiges dépend du climat. Une différence infime peut avoir des conséquences dramatiques. » Dans les monts Simien, en Afrique, « la hausse de la température repousse la faune toujours plus haut ». Le même mécanisme s’applique aux montagnes Rocheuses, à la Norvège, aux Alpes…
Propos alarmistes
Retour au Groenland, où nichent des bernaches nonnettes. Gros plan sur trois oisillons, trop jeunes pour voler, trop vieux pour être nourris. Or « s’ils ne mangent pas dans les 36 heures, ils vont mourir ». Heureusement, « leurs parents sont la preuve vivante qu’une solution existe ». La mère hésite, sa patte agrippée au bord du piton rocheux, puis s’élance. Un oisillon la suit, pattes écartées. Son petit corps tout rond rebondit sur la paroi plusieurs fois avant de s’écraser. On ne dévoilera pas ici le sort des deux autres oisillons.
Monogames, les bernaches nonnettes reviennent chaque année au même endroit, sur la côte du Groenland, pour nicher. / MIGUEL WILLIS / NATIONAL GEOGRAPHIC
Pas plus que celui du vieux singe dominant, fatigué de défendre ses dix femelles. Ou encore, dans le Montana (Etats-Unis), celui d’une chèvre blanche à longs poils qui doit franchir avec son cabri une large rivière. Or « le courant est fort pour ses si petites pattes ».
Les propos alarmistes, appuyés par la bande-son, n’empêchent pas quelques scènes extraordinaires, au milieu des singes aux longues crinières ou lorsque deux aigles se disputent une charogne. Planète hostile estime ainsi préfigurer « la future génération de documentaires animaliers ». Au téléspectateur de montrer, ou non, sa capacité d’adaptation.
Planète Hostile - Bande Annonce officielle
Durée : 01:01
Planète hostile : Sur les cimes, produite par Plimsoll Productions pour National Geographic (EU, 2019, 52 min). www.nationalgeographic.fr/planete-hostile