Le « roi des manèges », Marcel Campion, compte se présenter aux élections municipales de Paris en 2020. / JOEL SAGET / AFP

Ses amis ont beau lui conseiller parfois la modération, Marcel Campion s’est à nouveau lâché, lundi 29 avril au soir. A 79 ans, l’entrepreneur forain, déjà poursuivi pour diffamation et injure, a eu des mots très violents pour plusieurs élus parisiens ainsi que des magistrats.

Le « roi des manèges », qui compte se présenter aux élections municipales de Paris en 2020, avait organisé une réunion publique dans un café, en face du centre Georges-Pompidou. Objectif : mobiliser ses soutiens, et en recruter de nouveaux. L’homme d’affaires assure qu’il a déjà identifié toutes ses futures têtes de liste, comme Pierre-Jean Chalençon, grand collectionneur de souvenirs de Napoléon, pour le nouveau secteur regroupant les quatre premiers arrondissements. Marcel Campion, lui, entend se présenter dans le 18e arrondissement. En revanche, il est encore loin de disposer des 500 candidats nécessaires s’il veut présenter des listes complètes dans tous les arrondissements.

Devant une soixantaine de personnes, parmi lesquelles Virginie Tellenne, dite Frigide Barjot, grande figure de la Manif pour tous, Marcel Campion a donc invité les Parisiens à le rejoindre, et rappelé en quelques mots son programme : « Avec nous, Paris redevient beau, sain, vivant ».

Mais le futur candidat s’est surtout livré à une attaque en règle contre l’équipe municipale actuelle, une « bande de fous », des « incapables », des « guignols » et des « magouilleurs » qu’il souhaite « mettre dehors » en 2020. Avec des formules parfois injurieuses, comme s’il souhaitait marquer les esprits, alors que les sondages ne lui accordent pour le moment qu’environ 1 % des intentions de vote.

Ancien soutien d’Anne Hidalgo à la Mairie de Paris

Lors de la précédente campagne électorale, Marcel Campion faisait partie du comité de soutien d’Anne Hidalgo. A présent, il n’a pas de mots assez durs pour elle. La maire de Paris est devenue sa bête noire depuis qu’elle a mis fin à près de trente-cinq ans de contrats entre les maires successifs de la capitale et le forain, soudain privé de sa grande roue place de la Concorde, comme de son marché de Noël aux Champs-Elysées. « C’est carrément une salope, a-t-il déclaré lundi soir. Elle m’a dit : Moi, j’adore les forains. Elle a juste essayé deux ans plus tard de nous détruire complètement. Je me demande toujours pourquoi. Elle avait des animateurs gays qui se sont mis après moi. (…) Il faut la punir. »

L’allusion aux « animateurs gays » vise en particulier Bruno Julliard, l’ancien premier adjoint d’Anne Hidalgo, avec qui Marcel Campion est en conflit. En janvier 2018, le forain avait tenu, en petit comité – mais sous l’œil d’une caméra –, des propos insultants et homophobes à son égard, notamment « toute la ville maintenant est gouvernée par des homos. Moi j’ai rien contre les homos. (…) Mais ceux qui sont là, c’est des pervers… » Depuis, Bruno Julliard a porté plainte devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Une première audience est attendue à l’automne.

Ces derniers mois, Marcel Campion s’est défendu de toute homophobie, allant jusqu’à donner une interview à un magazine gay. « J’ai été surpris d’être traité d’homophobe, a-t-il redit lundi. Toute ma vie, j’ai eu des homos et des lesbiennes autour de moi. »

Comme Bruno Julliard, Ian Brossat devrait porter plainte

Quelques minutes plus tard, il a néanmoins réservé ses phrases les plus agressives à Ian Brossat, adjoint d’Anne Hidalgo chargé du logement, tête de liste PCF aux élections européennes, et marié à un autre homme depuis bientôt six ans. C’est « un escroc », un « petit merdeux », « une tête de con », « un avorton qui vient expliquer à tout le monde comment ça marche », selon les termes choisis par Marcel Campion. « C’est lui qui préempte tous les appartements, et les donne à des cas sociaux. Il a déjà dépensé 3 milliards », a-t-il accusé. « En plus, on peut pas dire qu’il est de la jaquette, puisqu’on n’a plus droit de le dire… »

Contacté, Ian Brossat indique qu’il compte porter plainte. « Cela le justifie, dit-il. On aurait pu imaginer une certaine retenue à la suite de ses précédents dérapages. C’est au contraire un nouveau cap qui est franchi, après une longue série de propos indignes. »

Autre adjoint d’Anne Hidalgo, Christophe Najdovski a aussi eu droit à une volée de bois vert : « Une espèce d’abruti (…) qui fait la charnière avec Anne Hidalgo et le petit communiste. »

Derniers visés : les magistrats de la chambre régionale de la Cour des comptes. En décembre 2017, ils ont eu le malheur de rendre un rapport épinglant des « irrégularités graves » dans l’attribution à Marcel Campion de plusieurs contrats par la Mairie de Paris. « J’ai donné tous les justificatifs, mais presque rien n’a changé dans leur rapport, s’est plaint l’intéressé, lundi soir. La cour régionale des comptes, c’est des gangsters, (…) de vieux magistrats pourris, je n’ai pas peur de le dire. »