Rod Rosenstein, le 13 juillet 2018 à Washington. / Leah Millis / REUTERS

Le numéro deux du ministère américain de la justice, Rod Rosenstein, qui a supervisé la délicate enquête russe pendant près de deux ans, a annoncé lundi 29 avril qu’il quitterait ses fonctions le 11 mai.

Ce départ, attendu de longue date, fait suite à la clôture des investigations du procureur spécial Robert Mueller, qui n’a pas trouvé de preuves d’une entente entre Moscou et l’équipe de campagne de Donald Trump lors de la présidentielle de 2016.

« Nos élections sont plus sûres et nos citoyens mieux informés des efforts secrets de puissances étrangères pour influencer nos élections », écrit M. Rosenstein dans une lettre adressée au président Trump, qu’il remercie pour la « courtoisie et l’humour » dont il a fait preuve lors de leurs échanges.

Dans la tourmente

Son limogeage a pourtant semblé plus d’une fois imminent. Lui-même avait confié à ses proches, il y a plusieurs mois, s’attendre à son renvoi.

Ce haut fonctionnaire de 54 ans s’était retrouvé au cœur de la tourmente quelques jours seulement après son arrivée au gouvernement. Ayant pris ses fonctions le 26 avril 2017, il avait été sommé deux semaines plus tard de produire une note utilisée par Donald Trump pour limoger le chef du FBI de l’époque, James Comey.

S’étant acquitté de cette mission exigée par la Maison Blanche, Rod Rosenstein avait quelques jours après donné un coup de barre dans le sens opposé, celui de l’indépendance du pouvoir judiciaire, en nommant Robert Mueller.

Le ministre de la Justice à l’époque, Jeff Sessions s’étant récusé dans le dossier russe, l’« attorney general adjoint » en avait récupéré la charge.

Trump exaspéré

A partir de ce moment, le milliardaire républicain s’était montré exaspéré par cette enquête, focalisant son irritation croissante sur M. Rosenstein, coupable à ses yeux de laisser le procureur Mueller agir à sa guise.

En septembre 2018, les médias avaient révélé que Rod Rosenstein avait discuté en mai 2017 avec des responsables du FBI de la possibilité d’écarter Donald Trump du pouvoir en s’appuyant sur une disposition de la Constitution. Tous s’attendaient à ce qu’il soit immédiatement renvoyé, mais l’orage était passé et il était resté en poste.

La publication du rapport d’investigation de Robert Mueller a finalement sonné l’heure du départ pour le juriste aux fines lunettes, un homme brillant et secret ayant servi cinq présidents.

Lors d’une conférence de presse organisée à cette occasion, il s’est tenu le visage impassible derrière le nouveau ministre de la justice William Barr, qui l’a associé à sa décision de ne pas poursuivre Donald Trump pour entrave à la justice. Le procureur Mueller n’ayant pas livré de conclusions définitives sur ce point.

Dans son courrier de départ, Rod Rosenstein assure que le ministère de la Justice « applique la loi sans peur ni favoritisme, parce que les preuves ne sont pas partisanes ni la vérité dictée par les sondages d’opinion. »