Attention : cet article contient des révélations sur le contenu de l’intrigue.

Le dernier épisode en date de « Game of Thrones » est considéré par la presse internationale comme un moment majeur de l’histoire de la télévision. / Helen Sloan / AP

Un concert de louanges. Depuis la diffusion dans la nuit de dimanche à lundi 29 avril du troisième épisode de la huitième saison de Game of Thrones, « La longue nuit », marqué par la bataille longtemps attendue contre l’armée des morts-vivants de l’hiver, la presse internationale salue à l’unisson son spectacle d’envergure, son intensité dramatique et son importance narrative autant que culturelle.

Evoquant les 750 acteurs réunis et le budget colossal de quinze millions de dollars de cet épisode, le journal espagnol de référence El Pais estime qu’avec ce moment de bravoure hors norme « la série télévisée est entrée dans l’histoire ». Le New York Times salue, lui, « une bataille de Winterfell qui a dépassé les attentes » et parle de cet épisode comme d’un « chef-d’œuvre de tension et de libération, de chair de poule et d’arrêts cardiaques, de grandiloquence et d’intimité. » Un avis partagé par le quotidien brésilien O Globo, qui salue dans un podcast lancé spécialement pour accompagner la huitième saison « la plus longue bataille de l’histoire », autant que par le journal anglais The Guardian, qui titre sur « le plus grand spectacle de l’histoire de la télévision ».

« Seigneur des anneaux » et Sergio Leone

Seules voix véritablement dissonantes, face à cette couverture « d’une envergure rare », le journal suisse Le Temps se demande, de son côté, si les médias n’accordent pas une place excessive à la série de HBO, au risque de tomber dans « le matraquage de foule à coups de haches nordistes ». Le journal italien La Reppublica ironise, de son côté, sur les experts en stratégie militaire qui ont été sollicités pour l’occasion par les médias américains, comme s’il s’agissait d’une actualité de politique internationale (The Verge lui a même consacré une analyse tactique), mais salue tout de même un épisode qui sait rendre hommage à Sergio Leone autant qu’au Seigneur des Anneaux et offre des « moments à couper le souffle ».

Sans s’aventurer à la classer au-dessus ou en dessous des autres batailles marquantes de la saga, le quotidien londonien évoque le choix fort du réalisateur Miguel Sapochnik, qui « s’est appuyé sur l’obscurité pour amener l’ambiance et la tension, présumant à raison que moins on distingue une armée de morts, plus elle est terrifiante ». Non sans admettre que les ténèbres rendaient souvent l’action difficile à suivre.

D’une manière générale, le manque de lisibilité de cet épisode a suscité plusieurs articles, tantôt orienté sur la réaction circonspecte des téléspectateurs, tantôt offrant des conseils de réglage de sa télévision. El Pais, y voit joliment « une bataille d’ombres contre des ombres », référence à l’obscurité générale de la photographie, à la noirceur de l’adversaire, autant qu’à la furtivité de son héroïne salvatrice, Arya.

Les femmes applaudies

Le caractère de plus en plus ouvertement féministe de la série n’a pas échappé aux observateurs internationaux. Au Japon, où Game of Thrones est bien moins suivi qu’en Occident, le site de pop culture CinémaCafé.net invite, revue de photos à l’appui, à « se méfier des femmes fortes qui ont survécu jusqu’aux derniers chapitres ». Ils sont, par ailleurs, nombreux à souligner le rôle moteur joué par Arya, Melisandre ou encore Lady Mormont, trois personnages féminins à l’importance cruciale durant la bataille.

Melisandre et Arya, stars de l’épisode-phare de la saison 8 de « Game of Thrones ». / Helen Sloan / AP

Dans une analyse à contre-courant, l’éditorialiste Kate Maltby s’interroge sur CNN sur le fait que le seul arc de rédemption à aller jusqu’à son terme soit celui de Theon, le traître castré, en se demandant quand les personnages féminins auront, elles aussi, droit à une évolution aussi complexe. « Plus généralement, épingle-t-elle, cela peut renvoyer à notre tendance à attribuer une totale complexité morale aux hommes et à ne pas la voir chez les femmes. » Un prisme qui n’est pas propre à Game of Thrones, qui met déjà beaucoup de femmes fortes en avant, reconnaît-elle.

Pas assez de morts ?

Certains journaux s’étonnent que cet épisode si crucial se soit finalement montré si avare en morts de personnages majeurs. The Guardian s’amuse ainsi de la facilité avec laquelle le redoutable Roi de la nuit a un peu trop rapidement fini en « flaque de glaçons dégelés », tandis que Slate s’interroge sur les attentes créées par la série. Le site d’information se demande s’il est « inconvenant de se sentir déçu si trop de gens survivent », alors que la saga nous avait habitués à l’omniprésence de la mort.