Lors d’une manifestation contre le « système » à Alger, le 26 avril 2019. / RYAD KRAMDI / AFP

L’élection présidentielle prévue le 4 juillet en Algérie pour désigner le successeur d’Abdelaziz Bouteflika, scrutin refusé par le mouvement de contestation actuel, est la « solution idéale » pour sortir de la crise, a affirmé, mardi 30 avril, le chef d’état-major de l’armée.

Le général Ahmed Gaïd Salah, devenu de facto l’homme fort du pays depuis la démission du président Bouteflika, le 2 avril, a exclu que l’armée s’écarte du cadre constitutionnel, « quelles que soient les circonstances », opposant implicitement une fin de non-recevoir aux revendications des manifestants qui réclament la mise en place d’institutions de transition ad hoc pour gérer l’après-Bouteflika.

Le mouvement de contestation dont l’Algérie est le théâtre depuis le 22 février reste mobilisé, notamment chaque vendredi, pour réclamer le départ de l’ensemble du « système » au pouvoir, le chef de l’Etat par intérim Abdelkader Bensalah et le premier ministre Noureddine Bedoui, deux anciens proches de M. Bouteflika, en tête. Les manifestants refusent que l’élection présidentielle soit organisée par les structures et l’appareil hérités de celui qui fut à la tête du pays durant vingt ans, incapables selon eux de garantir un scrutin libre et équitable.

Enquêtes sur des faits de corruption

Ahmed Gaïd Salah a par ailleurs assuré que l’armée veillerait à ce que la justice soit préservée des « pressions ou diktats » dans ses enquêtes sur les dossiers de corruption visant des personnalités liées au régime. La justice enquêtera « loin de toute démarche sélective ou conjoncturelle, sans exclure aucun dossier et en se gardant de toute mesure arbitraire ou de règlement de comptes », a précisé le général. Le ministère de la défense a connaissance de « plusieurs dossiers lourds de corruption », concernant « des faits de spoliation des fonds publics avec des chiffres et des montants faramineux », que les services de sécurité ont mis « à la disposition de la justice », a-t-il poursuivi.

Depuis le départ du pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika sous la pression d’un mouvement inédit de contestation, la justice a indiqué avoir ouvert une série d’enquêtes sur des faits de corruption visant plusieurs puissants hommes d’affaires et hauts responsables de l’Etat. Mardi, le parquet d’Alger a entendu durant plusieurs heures Ahmed Ouyahia, quatre fois premier ministre depuis 1995, dont trois fois sous la présidence de M. Bouteflika, en lien avec des dossiers de « dilapidation de fonds publics et d’avantages indus ». M. Ouyahia a quitté le tribunal dans l’après-midi sans faire de déclaration, conspué par une foule rassemblée aux abords. Il n’a pas été possible de savoir dans l’immédiat si M. Ouyahia a été ou non inculpé et, le cas échéant, placé ou non sous contrôle judiciaire.

Notre sélection d’articles pour comprendre la contestation en Algérie

La démission du président algérien Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril, est une humiliante capitulation face à une population en révolte depuis la fin février. Le mouvement de protestation le plus important des deux dernières décennies en Algérie a poussé des dizaines de milliers de personnes dans les rues pour exprimer leur opposition à un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.

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