« Versus » : sous le soleil, le mépris morbide des classes
« Versus » : sous le soleil, le mépris morbide des classes
Par Jean-François Rauger
Le suspense du film de François Valla repose sur l’attente d’une situation qui tarde à venir, et qui serait le symptôme de la résurgence d’une violence primitive.
Achille, un jeune homme victime, quelque temps auparavant, d’une agression particulièrement violente, est accueilli par sa tante dans sa maison de vacances au bord de la mer. Il y retrouve cousines et amis. Les sorties à la plage, le golf, les surprises-parties, les flirts plus ou moins poussés, dépeignent une jeunesse plutôt aisée, saisie dans l’oisiveté morbide et lâche des vacances estivales. Mais Achille croise bientôt Brian, pauvre, violent, rongé par un certain ressentiment de classe. Les qualités de Versus résident dans une certaine manière, non orthodoxe, de mélanger les catégories, de ne pas vouloir choisir entre le naturalisme psychologique, le drame social, le film d’horreur, mais de vouloir embrasser toutes ses catégories à la fois.
Le suspense du film repose ainsi sur l’attente d’une situation, qui tarde à venir, et qui serait le symptôme, la manifestation, de la résurgence d’une violence primitive, cette violence saisie par une caméra de surveillance, au tout début du film. Quelle forme va prendre le traumatisme d’Achille ? La peur, la jalousie, le mépris de classe vont-ils engendrer une actualisation de celui-ci sous une forme ou une autre ? La brutalité est ici, singulièrement, liée au vorace appétit sexuel des jeunes filles.
Versus. Film français de François Valla. Avec Jules Pelissier, Jérémie Duvall, Lola Le Lann. (1h20). Sur le web : www.waynapitch.com/versus