« League of Legends » est un des jeux de combat en arène les plus populaires. / Riot Games

C’est une scène inhabituelle qui s’est déroulée lundi 6 mai, devant les locaux de Riot Games, à Los Angeles : plus de 150 employés du studio, qui a sorti le célèbre jeu vidéo League of Legends, se sont rassemblés pour protester contre la décision de leur employeur d’imposer un arbitrage privé à des employées et ex-employées qui l’attaquent en justice.

Deux femmes avaient notamment porté plainte en novembre pour discrimination sexiste. La démarche avait suivi une enquête du site spécialisé Kotaku qui avait mis en lumière, quelques mois plus tôt, une culture d’entreprise particulièrement hostile à l’égard des femmes, faite de discrimination, de harcèlement et de blagues déplacées. Quelques semaines plus tard, l’entreprise américaine s’était excusée et avait promis de changer.

Une procédure d’arbitrage en cause

Le 26 avril, la direction avait annoncé faire appel à un arbitrage privé dans le cadre de l’affaire qui l’oppose à ses employés, arguant qu’une clause des contrats de travail interdit normalement aux salariés de Riot de poursuivre l’entreprise en justice. Une pratique controversée, comme le rappelle le site spécialisé Kotaku, à laquelle des entreprises comme Google, Facebook et Uber envisagent de renoncer dans les cas de harcèlements.

D’après les informations du site d’information Vice, des appels à marcher contre la direction se sont immédiatement répandus dès le 26 avril sur la messagerie interne à l’entreprise. En réponse, le 3 mai, Riot Games a annoncé tout un ensemble de mesures, ainsi que sa décision de renoncer à inclure la fameuse clause dans les contrats des futurs employés. L’entreprise explique aussi étudier la possibilité de rendre cette décision rétroactive.

Ce communiqué n’a apparemment pas suffi à convaincre. Le mot d’ordre de la manifestation de lundi portait principalement sur la fin des procédures d’arbitrage pour tous les futurs employés de Riot Games, mais aussi pour les employés actuels… et passés.

Plusieurs employés ont pris la parole, un mégaphone à la main, demandant le droit à « se sentir en sécurité », devant des employés tenant des panneaux « On ne devrait pas avoir à en arriver là », « Soyez la société que vous prétendez être », « Si vous faites taire l’un des nôtres, vous nous faites tous taire ».

« Merci pour votre courage »

D’après Jocelyn Monahan, l’une des porte-parole du mouvement, d’autres actions seront organisées si Riot Games ne revient pas sur sa décision avant le 16 mai. Interrogé par Kotaku, Riot Games a affirmé respecter la démarche des employés : « Nous ne tolérerons aucunes représailles contre des employés parce qu’ils ont choisi de prendre part ou non » à cette marche.

Certains employés ont cependant expliqué avoir peur d’être stigmatisé pour avoir pris la parole en manifestant. « Que vous soyez ici pour montrer votre soutien, exprimer votre désaccord ou simplement pour mieux comprendre la situation, c’est une décision difficile et effrayante que vous avez prise, a déclaré l’une des employées, Ronnie Blackburn. Alors merci. Merci pour votre courage. »