Au Venezuela, la répression s’accélère contre les auteurs du soulèvement raté
Au Venezuela, la répression s’accélère contre les auteurs du soulèvement raté
Le Monde.fr avec AFP
Le service de renseignement du président Maduro a arrêté le bras droit de l’opposant Juan Guaido, qui qualifie l’acte d’« enlèvement ».
Edgar Zambrano, à gauche, arrêté le 8 mai, ici en compagnie de l’opposant au pouvoir Juan Guaido, le 5 janvier 2019 à Caracas. / Stringer . / REUTERS
Le régime du président vénézuélien Nicolas Maduro a accéléré mercredi 8 mai la répression contre les auteurs de la tentative de soulèvement du 30 avril, avec l’arrestation du bras droit de l’opposant Juan Guaido et l’inculpation de nouveaux députés.
La Cour suprême, que l’opposition accuse d’être à la solde de M. Maduro, a inculpé de haute trahison, conspiration et rébellion civile trois nouveaux députés d’opposition, portant à dix le nombre d’élus poursuivis pour leur soutien à la tentative d’insurrection menée par M. Guaido. L’un de ces dix députés, Edgar Zambrano, bras droit de M. Guaido et vice-président de l’Assemblée nationale, a été arrêté par le Sebin, le service de renseignement du régime.
« Nous alertons le peuple du Venezuela et la communauté internationale : le régime a enlevé le premier vice-président » de l’Assemblée nationale, a tweeté M. Guaido. « Ils tentent de mettre en pièces le pouvoir qui représente tous les Vénézuéliens, mais ils ne vont pas y arriver ».
Peu avant son arrestation, M. Zambrano a lui-même raconté sur Twitter que des agents du Sebin venaient de cerner son véhicule devant le siège de son parti, Action démocratique. « Comme nous avons refusé de sortir de notre véhicule, ils ont utilisé une grue pour nous emmener de force directement à l’Helicoïde », le bâtiment du siège des services secrets, a-t-il tweeté.
Les Etats-Unis condamnent l’acte
Les Etats-Unis ont condamné « l’arrestation arbitraire » de M. Zambrano. « S’il n’est pas libéré immédiatement, il y aura des conséquences », a menacé le compte Twitter de l’ambassade américaine à Caracas, actuellement fermée. L’Argentine, la Colombie, le Chili et le Pérou ont également exigé la libération de l’opposant.
Une députée inculpée, Mariela Magallanes, s’est réfugiée dans la résidence de l’ambassadeur d’Italie à Caracas, tandis que les autres élus poursuivis évitaient de se montrer en public. Leopoldo Lopez, une autre figure de l’opposition, s’est réfugié dans l’ambassade d’Espagne le 30 avril, après l’échec de la tentative de soulèvement.
Les troubles qui avaient suivi cet appel à l’insurrection avaient fait six morts, des centaines de blessés et entraîné quelque 200 arrestations, selon le procureur général du Venezuela Tarek William Saab. La tentative avait échoué, la majorité des militaires étant restés fidèles à M. Maduro. « Ils devront payer devant la justice pour le coup d’Etat », a affirmé le numéro deux du régime et président de l’Assemblée constituante, Diosdado Cabello, pour célébrer l’arrestation de M. Zambrano.
La Constituante est l’une des deux assemblées au Venezuela. Créée en 2017, elle remplace, dans les faits, l’Assemblée nationale, dominée par l’opposition mais dont les décisions ne sont plus prises en compte par l’exécutif. La Constituante dispose de pouvoirs étendus, dont celui de lever l’immunité parlementaire des députés, ce qu’elle a fait pour les élus poursuivis par la Cour suprême.
« La peur ne nous arrêtera pas », a déclaré à l’AFPTV Juan Guaido au cours d’un déplacement dans la localité de La Guaira, à 30 km au nord de Caracas. « C’est la seule stratégie qu’il reste au régime (…), faire régner la peur ».