Le patron de Danone, Emmanuel Faber, à Paris, le 19 février. / JACQUES DEMARTHON / AFP

La marque Danone a cent ans. L’entreprise qui porte aujourd’hui ce nom a choisi de commémorer l’événement – à sa façon et à Barcelone, là où Isaac Carasso a lancé son premier yaourt en 1919, après avoir été contraint de fuir les Balkans, emportant cette spécialité laitière dans ses bagages.

Même si son fils Daniel a vécu plus que centenaire, il n’était pas là pour fêter cet anniversaire. Mais sa fille, elle, a répondu à l’invitation du « repas de famille » organisé par Danone, mardi 7 mai. Autour de la table se trouvaient des partenaires, des anciens salariés du groupe et bien sûr son président d’honneur, Franck Riboud, dont le père, Antoine Riboud, avait fusionné son groupe BSN avec Gervais-Danone en 1972. Il rebaptisera l’entreprise agroalimentaire du nom de la marque emblématique de produits laitiers frais.

« Nous avons assemblé un trésor »

Pour l’actuel patron de Danone, Emmanuel Faber, pas question de se nourrir de nostalgie. Fidèle à son parcours de défricheur de nouveaux territoires, il a profité de cette occasion pour lever le voile, mercredi, sur une initiative inédite. Danone la centenaire va partager son héritage. En effet, le groupe a décidé de donner libre accès à sa collection historique de 1 800 souches de ferments lactiques et de bifidobactéries, dont 193 sont déposées à l’Institut Pasteur, les autres étant aux mains de son centre de recherche et innovation de Paris-Saclay.

« Nous avons assemblé un trésor et, aujourd’hui, nous voulons partager ce siècle d’innovations avec le reste du monde. D’autant que nous n’en utilisons qu’une fraction », a déclaré M. Faber. Au-delà des yaourts et des laits fermentés, il imagine les chercheurs prêts à exploiter ferments lactiques et bifidobactéries pour régénérer les sols, réduire les émissions de méthane des vaches ou faciliter l’administration de médicaments aux patients.

Une manière d’affirmer que la révolution de l’alimentation, évoquée par le dirigeant de Danone, est une affaire collective. M. Faber ne s’en cache pas : il s’inspire du monde de l’open source, qui a fait le succès des géants de la technologie, même s’il reconnaît que cette gratuité pourrait trouver sa limite en cas de développement d’un produit commercialisable. Autre préoccupation : la sécurité sanitaire. L’usage des ferments reste un exercice bien encadré. « Un bug sur la sécurité alimentaire, c’est plus grave qu’un bug informatique », conclut M. Faber.

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