Le cargo saoudien « Bahri-Yanbu », au large du Havre, le 10 mai. / BENOIT TESSIER / REUTERS

Le cargo saoudien Bahri-Yanbu, attendu depuis plusieurs jours au Havre où il devait procéder à un chargement d’armes, ne fera finalement pas escale dans le port français, a appris l’Agence France-Presse, vendredi 10 mai, de source portuaire.

Attendu mercredi au port, le cargo mouillait depuis plusieurs jours au large du Havre. Mais la polémique n’a cessé d’enfler sur la destination des armes qu’il devait embarquer : plusieurs associations affirmaient qu’elles pourraient être utilisées « contre des civils » au Yémen. Emmanuel Macron a déclaré jeudi « assumer » la vente d’armes françaises à l’Arabie saoudite, et assuré avoir la « garantie » qu’elles « n’étaient pas utilisées contre des civils » au Yémen.

Le tribunal administratif rejette des recours

Le président français n’a pas précisé quelles armes devaient être chargées au Havre, ni à quelle destination elles devaient arriver. Mais le site d’investigation Disclose a avancé que le navire devait prendre livraison de « huit canons de type Caesar » et les amener à Djedda, en Arabie saoudite. Or, note Disclose, « le Caesar, monté sur un camion tout-terrain, fait feu sur des zones habitées par des centaines de milliers de civils au Yémen ».

L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) et l’ONG Action Sécurité Ethique républicaines (ASER) avaient de leur côté déposé des recours en urgence au tribunal administratif de Paris pour empêcher le départ du Havre du cargo chargé d’armes. Vendredi, la justice a rejeté ces recours, qui n’avaient de toute façon plus d’utilité puisque le cargo ne doit plus effectuer d’escale au Havre. S’il n’exclut pas que des canons Caesar soient « susceptibles » d’être utilisés au Yémen dans des zones où se trouvent des civils, le tribunal administratif a estimé que cette hypothèse ne suffit pas à caractériser « une situation d’urgence » justifiant d’empêcher le départ du navire saoudien.

Le cargo était passé par le port belge d’Anvers puis par la Grande-Bretagne avant de se diriger vers Le Havre. Il fait désormais route vers le nord de l’Europe avant de se rendre vers Santander (Espagne), selon plusieurs sources.

En Belgique, des ONG soupçonnent la compagnie nationale saoudienne Bahri d’avoir régulièrement, depuis l’été dernier, chargé des armes ou des munitions à destination de Riyad.

INFOGRAPHIE LE MONDE